Je m’appelle Quentin et il y a 28 ans, j’ai été conçu dans un cabinet de gynécologie privé. J’ai appris l’origine de ma naissance aux alentours de mes 10 ans. J’ai essayé à l’adolescence de trouver quelques indices sur mon donneur, en vain. Puis, en grandissant et en tant que jeune adulte, l’envie se faisait de plus en plus grande. Je me rends compte que je ne me connais pas, enfin seulement une moitié de moi … mais l’autre est plongée dans le noir et beaucoup d’interrogations me viennent en tête ! Qui est mon donneur, ses origines, où vit-il, ai-je des demi-frères et -sœurs, mais aussi des questions moins drôles telles des maladies héréditaires dont je devrais être au courant ?
Tous mes proches à qui j’ai pu en parler avaient une réponse unanime : je ne retrouverais JAMAIS mon donneur, c’est anonyme et la loi ne prévoit pas d’aider les enfants nés de dons, je dois apprendre à vivre avec.
Bref … En fouinant sur Internet, je trouve l’association PMAnonyme, que je décide de contacter. J’ai eu la chance de tomber sur Blandine, membre active de l’association également née par don. C’est étrange mais en même temps agréable de se sentir compris et écouté lorsqu’on évoque un sujet en commun parfois difficile à vivre !
En 2018, j’ai 26 ans et sur les conseils d’une camarade de l’association, je me lance dans des tests ADN, sans conviction, me disant que qui ne tente rien n’a rien.
Premier résultat et première découverte sur moi : je suis d’origine lituanienne à 51% ! Les 49% restants composant mon ADN correspondent aux origines maternelles que je connais, à savoir majoritairement Europe centrale.
Puis, de semaine en semaine, je reçois des mails de MyHeritage me proposant des correspondances de moins de 1% avec différentes personnes qui seraient d’arrière-arrière-cousin(e), autant dire rien intéressant.
Je continue de vivre ma vie en oubliant même ces histoires de tests lorsque, le 17 juin 2020, en consultant mes mails, je remarque un nouveau mail de MyHeritage, et là … énorme surprise, j’ai une correspondance de 22,5% avec un jeune homme de 25 ans avec qui la relation estimée est « demi-frère » ! Je relis à plusieurs reprises ce mail afin d’être sûr que je ne rêve pas ! Non, c’est bien le cas, je viens de trouver un demi-frère !
En tapant son nom sur Google, je retrouve sans difficulté sa trace via Facebook et en consultant son profil, je comprends qu’il est lituanien … et donc très probablement le fils de mon donneur !
Sur les conseils d’une camarade, je le contacte.
Je vais vous passer les nombreux échanges de messages et d’appels mais je venais de retrouver la famille de mon donneur et mon donneur lui-même !
Je découvre ce même jour que j’ai 6 demi-frères et -sœurs, des photos ainsi que l’identité de mon donneur. C’est une famille très ouverte, qui n’était pas au courant des dons de leur père jusqu’à ce jour. Néanmoins, ils ont très bien accueilli la nouvelle.
Ils vivent en Lituanie, parlent français mais une de mes demi-sœurs vit a Paris. Il s’avère que l’on était presque voisins … incroyable !
Sur l’initiative et demande de mon donneur, on s’appelle en visio, pendant 1h30 ! C’était émouvant, je sentais qu’il était également content de me voir car je suis, qu’on le veuille ou non, son fils de sang. On se raconte nos vies, j’en apprends beaucoup sur lui, sa famille, les raisons de ses dons, etc.
Ils habitent à Vilnius et je suis convié à venir visiter la Lituanie, cela se fera petit à petit dans les semaines/mois à venir !
Puis, quelques jours plus tard, vient la première rencontre physique pour moi avec ma demi-sœur à Paris. C’était assez troublant car en se comparant physiquement et sur des traits de caractère, on s’est trouvé beaucoup de ressemblances … J’étais tellement différent de ma mère sur certains points et je ne comprenais pas car j’ai toujours cru que notre caractère venait de notre éducation.
Mais finalement j’ai appris que le caractère provenait aussi des gènes. En l’écoutant parler de son père donc de mon donneur, j’avais l’impression qu’elle me décrivait sans même me connaître.
Assez incroyable, tout s’est bien passé, les relations se nouent petit à petit sans brusquer les choses, on est tous très ouverts et curieux de se découvrir !
Encore plein de belles choses sont à venir même si on gardera évidemment nos vies et nos familles respectives !
Voilà, je souhaitais en faire part pour que cela puisse éventuellement donner un exemple où rassurer certains enfants nés comme nous. Il faut toujours garder espoirs et les tests ADN nous ont donnés cette possibilité. Même à moi qui pensait être un cas à part car pas né d’un Cecos.
Une réflexion sur « Conçu par don en cabinet de gynécologie privé : il faut toujours garder espoir »
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