Ils l’ont dit

Serge TISSERON

Serge TISSERON

Tisseron
Serge TISSERON
Psychiatre et psychanalyste et docteur en psychologie

« Rappelons donc d’abord un préalable : toute réforme de la parentalité commence par la levée de l’anonymat des donneurs. Il est heureux de constater que les adversaires traditionnellement les plus résolus de cette levée y arrivent petit à petit, face aux dangers potentiels que pourrait représenter le fait que deux femmes ou deux hommes élèvent un enfant dans le déni de la place de l’homme ou de la femme qui aurait pris une part à sa conception »

Source : Journal le Monde du 6 février 2013

http://www.lemonde.fr/cgibin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1223115&xtmc=serge_tisseron&xtcr=1

Myriam SZEJER

Myriam SZEJER

sjeger
Myriam SZEJER
Pédopsychiatre et psychanalyste

« L’enfant à qui on a caché une partie de ses origines ne serait-il pas de ce fait la victime bâillonnée de manipulations de la filiation, rendues possibles par la loi et la médecine moderne ? (…) La clinique montre que l’anonymat engendre le silence dans les familles dont l’histoire s’y prête. Il n’est de secret établi que lorsque cela convient aux adultes. Mais c’est la loi qui le permet. L’enfant se trouve alors confronté à un double secret : secret parental quand les parents ont choisi de se taire, secret sociétal lié à l’anonymat obligatoire, qui ne se présente à lui qu’après la levée du secret parental. Le secret de famille alimente habituellement la névrose ordinaire. Ici, les secrets de famille devenus secrets d’Etat confrontent ceux qui les subissent à un mur infranchissable et souvent persécutant.(…) Ne pas tenir compte de ces souvenirs oubliés est une forme d’exploitation de l’immaturité phylogénétique de l’humain à sa naissance. C’est aussi une forme de négationnisme. On demande à ces enfants de penser qu’ils sont quelqu’un d’autre : un enfant conçu biologiquement par ses parents.(…) On a commencé d’envisager la levée de l’anonymat par une première proposition de loi, mais elle a été brutalement modifiée lors du changement de ministre de la Santé. Les pays qui ont supprimé cet anonymat ne souffrent pas d’une chute des dons lorsque ces réformes sont accompagnées de campagnes d’information adaptées. Dans leur majorité, ces pays pratiquent aussi l’adoption ouverte. Le maintien de l’anonymat en France, choix institutionnel, cherche-t-il à protéger les donneurs, les enfants, les parents, ou la société elle-même ? Et de quoi ? La posture parentale qu’exprime ce choix imposé relève-t-elle d’une usurpation ou d’un étayage de l’autorité parentale ? En d’autres termes, face aux enjeux existentiels de la question de l’origine, quel est le refoulement l’œuvre dans la société française au travers d’un choix qui se fige dans le temps ? »

Source : Libération, les bricolages de la filiation,27 avril 2011

http://psyzoom.blogspot.fr/2011/04/les-bricolages-de-la-filiation-par.html

Stéphane CLERGET

Stéphane CLERGET

*EXCLUSIF*PARIS: "Cafe Picouly" sur France 5
Stéphane CLERGET
Pédopsychiatre

« Avec ces inséminations où le donneur est anonyme, on porte atteinte à une connaissance de soi. L’enfant sera dans le doute permanent, pensant reconnaître son père à tous les coins de rue. On crée artificiellement des enfants nés sous X : c’est terrible»

Source : Magazine Valeurs actuelles du 18 septembre 2008

http://lplm.fr/spip/spip.php?article1430

Serge HEFEZ

Serge HEFEZ

Hefez
Serge HEFEZ
Pédopsychiatre

« Ce que les enfants vont chercher, précise-t-il, ce n’est pas un père ou une mère qu’ils ont déjà. Mais cette quote-part d’eux-mêmes, qui fait partie de leur identité. Et il me paraît tout à fait légitime que ceux qui le désirent puissent y avoir accès. » « Par ailleurs, poursuit-il, la personne qui donne n’est pas un amas de cellules, mais une personne humaine qui a des intentions, un projet. Il me semble beaucoup plus humain qu’elle existe en tant que personne entière. C’est conférer sa véritable valeur au don : un cadeau fait de personne à personne. Et il me paraît plus légitime de le reconnaître »

Source : Journal La Croix du 24 janvier 2011

http://www.la-croix.com/Ethique/Sciences/Sciences/Faut-il-lever-l-anonymat-des-donneurs-de-gametes-_NG_-2011-01-24-562406

Jacquie de la HAYE

Jacquie de la HAYE

Jacquie de la HAYE, Psychosexologue – Thérapeute de couple et familial
Diplômée en Sexologie de l’UQAM, Montréal, CANADA

Un enfant, mon enfant, notre enfant, ton enfant, cet enfant, l’enfant !
Combien de fois avons-nous entendu ces articles, ces expressions ?
Nous ne nous rendons pas compte de leur impact sur l’enfant et donc sur le futur – la future – adulte qui accueillera un enfant, son enfant, leur enfant !

Par nos expressions coutumières, nous éveillons l’inquiétude de cet enfant. Il se pose des questions.

Est-ce que je suis un enfant désiré ? Est-ce que ma mère m’a voulu ? Est-ce que mon père m’a souhaité ? Dans quelles circonstances m’ont-ils eu ?

Il pose des questions à ses parents, à ses grands-parents, à ses oncles et tantes, aux ami(e)s et autres…
Il ne trouve pas nos réponses claires.

Qu’est-ce qui se passera si l’enfant apprend ou comprend que nous lui avons caché volontairement une partie de ses origines ?
Que peut-il penser de cette société humaine qui a peur de dire la vérité, de lui dire la vérité?
Pourquoi parlons-nous de dons (don d’ovocytes, don de sperme, don d’enfant) si ce donneur et/ou cette donneuse n’ont pas le droit d’exprimer un minimum d’informations à cet enfant qui le souhaite ? En chacun de nous, il y a de l’inné et de l’acquis. Pourquoi certains d’entre nous n’auraient pas le droit d’avoir accès à cet inné ?

Cet inné dérange qui ?
L’enfant ? Non, sauf s’il se sent rejeté par sa propre famille affective.
Le parent ? Certainement. Il ne sait pas comment le dire, ni quel est le moment le plus propice, il a honte, il se sent coupable et il a peur d’être jugé par ses pairs, sa famille car il n’est pas dans la norme sociale.

Est-ce que ce n’est pas cette difficulté dont il faut s’occuper et non en ajouter une autre ou des autres, en conservant l’anonymat ?

contact : jacquie.delahaye@orange.fr

Association Psychologues du Monde

Association Psychologues du Monde

Association Psychologues du Monde
Association Psychologues du Monde

« Parce qu’il peut se faire que la question des origines provoque aussi un ébranlement de l’intimité psychique et qu’alors à la détresse humaine vienne s’ajouter un désarroi profond, un impossible, une quête sans issue. Parce que les manifestations de compassion et l’expression de la sollicitude dont chacun peut faire preuve, ne suffiront pas et ne combleront pas. Parce que rien ne s’improvise, surtout pas la liberté de chacun de trouver ses propres repères.

C’est de cette forme relativement nouvelle de questions que notre éthique nous recommande de nous saisir.
Nous interroger pour que l’autre ne soit pas victime, nous interroger pour que les meilleures intentions de réparation ne se fassent au détriment de l’autre.

Penser sans impossible pour que la vie de chacun soit possible.
Psychologues Du Monde par les valeurs qui nous portent, s’associe à l’association PMA ».

Source: Association Psychologues Du Monde Paris-Ile de France,

paris@psychologuesdumonde.org

Marcel GAUCHET

Marcel GAUCHET

Marcel Gauchet historien et philosophe et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, au Centre de recherches politiques Raymond-Aron et rédacteur en chef de la revue Le Débat
Marcel GAUCHET
Historien et philosophe et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, au Centre de recherches politiques Raymond-Aron et rédacteur en chef de la revue Le Débat

« Les nouvelles conditions de notre venue au monde ne sont pas non plus sans conséquence…

L’enfant est devenu le produit du désir singulier de ses parents. Il n’est plus le fruit de la nécessité de la vie qui se poursuit mais celui de la créativité de ses parents ce qui ne va pas sans incidences psychiques.

Cet enfant du désir doit se construire avec ce fantasme: « Je ne suis pas le fruit du hasard, j’ai été désiré, voulu comme je suis ». Cela affecte les conditions mêmes de l’individuation psychique : nous devenons normalement des individus en assumant la contingence qui préside à notre existence, c’est-à-dire que justement nous n’avons pas choisi d’exister, nous n’avons pas choisi nos parents, le moment où nous sommes nés, notre physique, etc.

Prendre en charge cette contingence et la solitude qui s’y attache, c’est ce qui fonde notre capacité d’indépendance psychique, c’est là que se joue la constitution de l’identité personnelle. L’enfant du désir souffre lui d’une
nouvelle forme d’aliénation inconsciente à ce qui lui a donné la vie.

Comment échapper à ses origines? L’individualisation (fait social) finit par se retourner contre l’individuation (fait psychique) ».

Source: blog de Marcel Gauchet

Pr Ken Daniels

Pr Ken Daniels

Pr Ken Daniels
Associate Professor University of Canterbury (dpt de travail social)
Nouvelle Zélande

Je suis très content de savoir qu’enfin, en France, existe une association qui milite pour l’abolition du secret! Great news!!!

La Nouvelle-Zélande a voté une loi en 2004 appelée : Loi sur les techniques de reproduction assistée.
Cette loi exige que les donneurs de gamètes et d’embryons donnent leur nom pour permettre aux enfants ayant atteint l’âge de 18 ans d’avoir accès à leurs origines. Cette législation n’apporte pas de réel changement, puisque pendant ces 10 – 15 dernières années, toutes les cliniques de Nouvelle Zélande n’ont recruté que des donneurs préparés à être identifiés dans le futur.
La législation demande la mise en place d’un registre volontaire et on encourage fortement les donneurs à inscrire leur nom sur ce registre.
Ce qui s’est passé en Nouvelle-Zélande, c’est que quelques-uns de ces enfants ont recherché des informations sur leurs donneurs.
Les cliniques ont contacté ces derniers en leur demandant des informations, et /ou un contact éventuel.
Ceci concerne les donneurs d’il y a 20 ans, à qui on avait garanti l’anonymat.

Pr. Ken DANIELS – New Zealand.