En 1984, à la naissance de notre fille, un médecin (ami d’enfance de mon épouse) nous a fait part des difficultés rencontrées par de nombreux couples, en attente depuis plusieurs années d’un don de sperme. Il nous a invités à engager en couple auprès du CECOS une démarche de don, désintéressé et anonyme, à des couples en détresse. Cette approche humaniste nous a interpellés, et c’est dans cet esprit que j’ai accepté. Le bonheur apporté par la naissance de notre fille, nous trouvions naturel de permettre à d’autres couples de le vivre. Il ne s’agissait que de produire l’étincelle de vie qui faisait défaut.
Le principe de l’anonymat m’a semblé identique à celui du don de sang. Je n’ai pas imaginé à l’époque, à 29 ans, que des conséquences négatives pourraient affecter les enfants issus de ces dons.
Le livre d’Arthur Kermalvezen, les actions de l’association PMA, et les états généraux de la bioéthique m’ont fait prendre conscience des conséquences psychologiques parfois graves que certains enfants issus de dons pouvaient subir à l’adolescence puis à l’âge adulte.
Je ne regrette pas ma démarche, bien au contraire, et suis tout à fait favorable à la levée de l’anonymat. Je suis persuadé que la loi devra évoluer en ce sens, comme c’est le cas dans de nombreux pays. Une information limpide des anciens et nouveaux donneurs viendra les rassurer quant aux craintes qu’ils pourraient éprouver. Il n’est pas question de reconnaître des enfants, mais tout simplement de les informer sur leurs racines biologiques.
Dès que la loi aura évolué, les nouveaux donneurs devront, au delà de la générosité de leur don, de l’altruisme et du désintéressement, faire preuve de responsabilité vis à vis des enfants devenus adultes qui voudront accéder à leurs origines. Je ne crois pas à une chute du nombre de donneurs dans la mesure où la loi sera cohérente, limpide et protectrice. Les expériences étrangères le prouvent. J’ai toujours eu à cœur de guider mes enfants vers une vie adulte libre et responsable. J’ose espérer que les enfants nés de dons, par le passé ou à l’avenir, n’auront pas à souffrir d’une origine secrète pour cause d’irresponsabilité.
J’approuve et soutiens pleinement l’action de l’association PMA.
PS: le bébé de 1984 est maman depuis 2008 et 2011, elle exerce la profession de psychologue–clinicienne, spécialisée maternité-enfance-adolescence.
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Témoignage mis à jour le 22 janvier 2018