Un exemple récent confirme que la fin de l’anonymat irréversible des donneurs et donneuses de gamètes ne provoque pas de chute des dons. Contrairement aux idées reçues, cela peut même favoriser une hausse immédiate du nombre de donneuses et de donneurs. C’est ce qui s’est produit en 2018 et en 2019 au Portugal.
Le 24 avril 2018, un coup de théâtre s’est produit au Portugal : La cour constitutionnelle a déclaré l’anonymat des donneurs de gamètes contraire à la constitution portugaise.
M. Vladimiro Silva, Directeur du laboratoire de la clinique Ferticentro, qui se situe à Coimbra au Portugal, a accepté de répondre à nos questions sur les conséquences de cette évolution juridique soudaine.
M. Silva nous a expliqué que très rapidement après la décision de la cour constitutionnelle, toutes les cliniques portugaises avaient dû contacter les donneurs et les donneuses dont ils avaient des gamètes en stock pour leur demander s’ils ou elles acceptaient de maintenir leurs dons hors anonymat irréversible. Ferticentro a ainsi contacté les 600 donneurs et donneuses dont ils conservaient les gamètes. Et les résultats sont plutôt surprenants : 97% des donneuses et 70% des donneurs ont accepté de maintenir leur don hors anonymat.
Mais plus étonnant encore, alors que les cliniques portugaises craignaient une chute du nombre de donneurs et de donneuses, c’est l’inverse qui s’est produit, selon M. Silva. La clinique Ferticentro a ainsi enregistré une hausse du nombre de donneuses et de donneurs, atteignant actuellement un maximum historique pour la clinique.
M. Silva attribue cette hausse du nombre de donneurs et de donneuses à la médiatisation qui a accompagné la décision de la cour constitutionnelle. Cela démontre une fois de plus l’importance de la communication dans le recrutement des donneurs et des donneuses.
Ainsi, l’accès aux origines peut s’accompagner d’une hausse du nombre de donneurs et de donneuses. Cela est vrai en France aussi. Pour cela, des campagnes de communication ambitieuses sont indispensables. Des progrès doivent également être réalisés dans la prise en charge des donneurs et des donneuses : des témoignages récents de donneurs décrivent des salles d’attentes communes avec les parents, des difficultés pour prendre les rendez-vous, des horaires peu arrangeants, et un manque de tact de certaines équipes (sources : Jérôme Deneubourg, Parcours d’un donneur de gamètes, publié chez l’Harmattan en 2018 / Nabil Wakim – Témoignage dans Le Monde, 31 mai 2019).