Didier SICARD

Didier SICARD

Didier SICARD
Médecin et Président du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) de 1999 à 2008

Je crois que cette position française ne sera pas tenable à long terme, parce que d’abord un certain nombre de pays, comme vous le dites,ont levé l’anonymat. L’anonymat était destiné théoriquement à protéger le couple receveur c’est à dire de ne pas être confronté à une sorte de choix de reconnaître un autre parent que celui qui existait socialement et pour les donneurs de gamètes (spermatozoïdes et ovocytes) de ne pas être confronté à être un « parent » et simplement un donneur, entre un donneur et un parent, il n’y a pas de relation théoriquement. (…) je pense qu’il est fondamental pour un enfant, même dans son imaginaire symbolique, de pouvoir mettre un visage sur un père biologique ou une mère biologique, et pour se constituer, parce que je pense qu’il y a une violence à avoir le sentiment qu’il y a quelque part quelqu’un qui sait, parce que ce sont les centres de conservation du spermatozoïdes et des ovocytes qui… et on va le connaître d’autant plus, que maintenant les ovocytes peuvent être congelés donc ils peuvent rester pendant plusieurs années dans un congélateur, donc ces centres connaissent l’identité. Donc a priori c’est encore plus frustrant pour les enfants de savoir que quelqu’un sait dans la société, mais eux, qui seraient les plus intéressés à cette connaissance, sont « protégés » de cette connaissance donc je crois que c’est vraiment un vrai débat mais je pense qu’à partir du moment où l’angoisse des enfants de découvrir que leur origine doit rester scellée, doit rester inconnue, finira par devenir insupportable.

http://www.franceculture.fr/emission-l-invite-des-matins-2eme-partie-l-invite-des-matins-2eme-partie-2014-02-21