« L’enfant a besoin de savoir à qui il doit son départ dans le voyage de la vie ; et tout se passe comme si ses liens d’appartenance tenaient compte du prix payé par ceux qui se sont investis pour l’y entraîner. Un simple don de sperme n’engage pas une dette existentielle colossale pour l’enfant qui en est issu. Les témoignages des adolescents renseignés sur l’identité de leur géniteur vont dans le sens de la curiosité, jamais dans une quête d’affection ou de filiation: « À quoi ressemble-t-il, j’aimerais avoir sa photo, je le contacterai par mail… » Très peu d’enfants du don de gamètes imaginent appeler leur géniteur « mon père » ou « ma mère » sans rajouter « biologique ». Certains, il est vrai, limitent leur investissement pour ne pas blesser le parent stérile, surtout si c’est leur père.
D’autre part et malgré tout, notre évolution culturelle, qu’elle concerne la notion d’identité narrative, le droit aux racines biologiques, ou la simple curiosité de savoir à quoi ressemble son géniteur, attire notre attention sur la nécessité d’envisager les conséquences à long terme de ressources technologiques qui répondent certes à des souffrances, mais introduisent des complexités dans les filiations ».
Source : Don de gamètes : l’enfant a-t-il le droit de savoir