Françoise DEKEUWER-DEFOSSEZ

Françoise DEKEUWER-DEFOSSEZ

Françoise DEKEUWER- DEFOSSEZ Doyen de la faculté de droit Lille-II
Françoise DEKEUWER-
DEFOSSEZ
Doyen de la faculté de droit Lille-II

« Le problème des enfants nés d’IAD et qui ont une fausse filiation biologique ne peut qu’éclater un jour.

Dans une société où chaque matin, en ouvrant le quotidien, on apprend qu’on a découvert le gène de l’obésité, du diabète, du glaucome, etc., organiser la naissance d’enfants à qui on interdit de connaître la moitié de leurs gènes est pour le moins léger. Dans une société où l’on demande des comptes sur tout et à tous, où tout le monde se plaint d’être victime de n’importe quoi, les enfants dont nous aurons organisé la méconnaissance de leurs origines en demanderont un jour compte juridiquement. Je ne sais ni quand cela se produira, ni sous quelle forme, encore moins quelle réponse sera apportée, mais ce phénomène me paraît inéluctable. Pour preuve, ce qui se passe actuellement dans le domaine de l’adoption : nous connaissons les problèmes que pose l’accouchement sous X, les espoirs et les difficultés du Conseil national de l’accès aux origines personnelles (CNAOP), et nous constatons que la question de l’adoption ouverte se pose avec de plus en plus d’acuité car l’organisation du secret accuse de plus en plus de faiblesses théoriques. Or, en matière d’accouchement sous X, on peut encore dire que nous sommes en face de situations de détresse, de femmes qui n’ont pas de solutions et d’enfants dont on préserve la vie à défaut de pouvoir préserver l’identité. Cet argument est complètement inopérant lorsqu’on programme à grands renforts de sécurité sociale des IAD ou des transferts d’embryons. Dans ce cas, nous savons ce que nous faisons, et nous le faisons exprès. Si un jour il s’avère que l’on a fait mal, on en sera responsable ».

Source : http://www.senat.fr/rap/r05-392/r05-3922.html