Je m’appelle Michel. Dans les années 1990, j’écoutais un ami me parler de son impossibilité d’avoir un enfant pour raison médicale. Venant moi-même d’être père, je fus touché par sa souffrance. Quelques temps plus tard, j’ai entendu à la radio un appel des CECOS pour le don de sperme, et j’ai immédiatement fait la démarche après en avoir discuté avec mon épouse. C’est ainsi que je me suis retrouvé, gêné, ma petite éprouvette en main, ravalant mon orgueil, mais pleinement conscient des suites d’une telle démarche.
Je ne sais pas combien d’enfants sont issus de ce don. Je sais seulement qu’ils sont aimés par des parents qui ont accepté de recourir à la PMA, je pense cette décision très difficile à prendre. Anonymat, quel mot horrible quand il s’agit de connaître son géniteur. Il engendre un flot de questions. Pour le donneur, à quoi ressemblent ces enfants, risquent-ils de croiser sans le savoir le chemin d’un demi-frère ou sœur ? Pour l’enfant conçu, d’où vient la moitié de mes gènes, ai-je des risques de maladie connus de mon géniteur, pourquoi ai-je les yeux bleus, et tant d’autres questions…
La levée de l’anonymat doit être évidente. Pourquoi l’imposer alors qu’il est source trop souvent de souffrance ? Pour ma part j’ai fait le choix de recourir (illégalement) à deux tests ADN pour permettre à ces enfants d’éclairer leur parcours. Arrêtons cette hypocrisie, le don de gamètes est un acte de pur amour d’un couple heureux vers un couple en détresse. Prolongeons-le, levez l’anonymat …