Le chat noir

Le chat noir

Une tendre enfance au milieu des pins
entre les landes et la gironde
au milieu des écumes de sel, du sable, de la foret
entourée de mes meilleurs amis et de joie de vivre

Une adolescence un peu embrumée
par un malaise indicible

Un début d’age adulte ou des moments d’angoisse et de dépression
ternissent parfois ma vie
puis une vérité qui rejaillit
par mes parents me voyant dans le désarroi
d’abord la surprise
car la réalité vient effleurer le subconscient
puis l’inconnu qu’il faut affronter
comme si il avait toujours était là
latent
devant ton miroir

Je me cherche, toujours ne sachant vers ou avancer
le sport m’aide a évacuer
mais je me teste en allant plus loin pour affronter mes peurs
et vérifier si je suis toujours debout ou si je m’effondre

La psychotherapie dure un an deux ans
j’ai l’impression de me cacher lorsque j’y vais
parfois je m’y perds et j’ai l’impression d’aller plus mal
de me mélanger, de perdre l’ordre de mes pensées

Vers l’age de 23 ans je ne serais plus dire ni comment ni pourquoi
je décide de trouver le professeur qui est à l’origine de ma naissance
il me reçoit
m’explique que je suis le premier IAD a venir le trouver
et qu’il me sera impossible de retrouver mon géniteur
le don de sperme est anonyme.
Mon seul recours : le tribunal administratif
beaucoup d’énergie pour aucun résultat
mais dans la discussion il me glisse une phrase : les donneurs étaient dans la plus part des cas des étudiants en médecine.

Le temps passe et je me retrouve en contact avec une association qui milite pour l’accès aux origines
je fais quelques articles dans les journaux pour parler de moi et faire avancer les choses
mon père me soutient et a la lecture de mes articles m’écrit quelques mots,
 je les ai gardés précieusement :
« mon cher felix
beaucoup d’émotion a la lecture de l’excellent article autobiographique te concernant
j’admire ton obstination dans ta quête de l’impossible
qui va au delà de ta propre personne
ton témoignage au combien spontané
doit pouvoir réconforter un grand nombre de ceux qui sont dans une situation semblable… ».
sur le devant de la carte qu’il m’avait écris
un proverbe chinois
« il est difficile d’attraper un chat noir
dans une pièce sombre
surtout lorsqu’il n’y est pas. »

Entre 25 et trente ans j’apprend
qu’il faut aussi savoir arrêter de chercher et continuer a vivre
de petites choses positives amènent a une vie plus facile
finalement ils avaient surement raison
mon père et ce médecin sans lequel je ne serais pas là
cette quête est vaine et peut être futile.

Je rencontre ma compagne
et deux magnifiques enfants
arrivent quelques années plus tard
Mon père décède quelques temps après
d’une maladie génétique qu’il ne m’aura pas transmise
malgré son caractère colérique
et nos relations conflictuelles
je retiens encore aujourd’hui l’amour qu’il m’a donné.

Le temps passe
et j’avance accompagné
de ma famille.

Mes enfants grandissent
jusqu’au jour ou je décide
de leur expliquer les conditions de ma naissance
pas de secret entre nous
la clarté, les discussions
sont les clefs de l’épanouissement

Ils sont curieux
posent de nombreuses questions
et tout se fait naturellement

puis un jour l’association reprend contact avec moi
on me parle des tests adn
d’abord un peu frileux moi qui avait fait un trait sur tout ça
je me dis pourquoi pas

je m’inscris sur plusieurs sites en suivant les conseils avisés
des experts de l’association
je me prends au jeu
je découvre mes résultats
et m’initie à  la généalogie génétique
essaye de remonter les arbres de mes matchs
pour retrouver mes origines

un an, deux ans, des mails envoyés a des cousins éloignés
mais pas de réponses probantes
je m’obstine et regarde toutes les semaines si des matchs interessants apparaissent.
Mais rien n’arrive sur mon écran
Alors je lâche du lest
et me concentre sur ma vie de famille.

Deux jours avant Noël 2018
Je m’assoie devant l’ordinateur
et ouvre le site my heritage
un clic, ma vie bascule…

je découvre que j’ai un demi frère
on s’écrit, il ne comprend pas.
Alors je patiente
et deux semaines après les fêtes
son père me répond que son fils n’était pas au courant
et qu’il avait été donneur dans les années 70.
je découvre une personne bienveillante qui m’éclaire sur sa vie
ses origines et me fait parvenir des photos de lui.
La ressemblance est frappante.
On correspond pendant plusieurs mois
comme si chacun d’entre nous en avait besoin
résumant à notre manière, a l’autre, nos histoires de vie.

Six mois après il me propose qu’on se rencontre.
Je me souviendrais d’abord de ce premier instant,
ou avançant vers lui, nos yeux se sont croisés et ou j’ai compris
qui j’étais à travers son regard.

On s’est embrassé, on a longuement discuté
j’ai pu voir les photos de sa famille
et toute mon histoire a pris un sens ce jour là.

Nous sommes toujours en contact et on espère se rencontrer de nouveau.
Peu de temps après j’ai découvert une demi sœur née par iad, et nos chemins vont peut être se croiser prochainement en tout cas je l’espère.

Finalement il n’y a jamais eu d’étudiant médecin donneur, ni de chat noir a trouver dans une pièce sombre, il y a juste une vérité dans mon histoire, celle de l’amour d’un père pour son fils qui n’était pas le sien et celle de la bienveillance d’un père biologique pour que cet amour et que cette histoire puisse exister.