Témoignages de donneurs

Alain

alain
J’avais 31 ans en 1974. J’avais déjà deux enfants.
Le don m’a été proposé à la suite de ma demande de vasectomie.
Le médecin du CECOS m’a dit qu’il projetait une expérimentation sur une centaine de premiers candidats, pour ce qui est de la vasectomie. C’était « donnant– donnant » : je donnais alors mon accord pour donner du sperme anonymement en échange d’une vasectomie gratuite.

Ma motivation : après avoir tout essayé (pilule, diaphragme, stérilet) mon épouse envisageait la ligature des trompes dont le caractère irréversible nous gênait en cas de pépin grave (la mort d’un enfant ?). De plus, ma solidarité avec les mouvements de libération de la femme me poussait à assumer la contraception. La vasectomie avec mise en réserve ou même l’éventuelle anastomose m’a donc paru la bonne solution et je ne le regrette pas du tout. Par la suite, j’ai participé aux groupes « Pas Rôle d’Homme » qui militaient pour la contraception masculine et un ami expérimentait la pilule pour homme.
Mes dons, j’y pense de temps en temps. Je comprendrais fort bien que ceux ou celles qui sont né(e)s grâce à mes dons cherchent à me rencontrer et je l’accepterais volontiers, je ne formule pas de demande mais je crois que cela me ferait plaisir de savoir s’ils me ressemblent un peu et ce qu’ils sont devenus… Ils ont sans doute une trentaine d’années.
C’est suite à une brillante intervention d’Arthur Kermalvezen à la radio, que j’ai contacté l’association PMA. La réponse rapide et chaleureuse que j’ai reçue m’a donné envie d’adhérer car je pense que la loi française doit être modifiée. PMA agit dans ce sens.
Il m’a été proposé d’entrer en relation, par mail, avec deux nouvelles adhérentes nées par IAD, je leur ai donc envoyé un message amical… Leurs réponses ont été très émouvantes, elles m’ont dit les souffrances qu’elles ont éprouvées d’avoir à vivre dans l’ignorance de leurs origines génétiques réelles, en particulier quand la révélation du « secret » a été tardive. Elles n’ont bénéficié d’aucun accompagnement psychologique.
Mes messages peuvent–ils servir à combler un peu ce manque… ? Je ne sais. Ce serait encore mieux si elles pouvaient entrer en relation avec celui qui a réellement aidé leurs parents à les concevoir.

Nicolas – 38 ans

A l’époque je n’avais pas encore d’enfant.

Je n’avais pas conscience des conséquences que mes dons allaient entraîner.

Le bonheur des jeunes parents devant leurs enfants m’avaient souvent marqué et je comprenais que ne pas pouvoir avoir d’enfants devait être une grande souffrance. Avec mes dons j’espérais contribuer à redonner du bonheur à ces familles. Et je ne peux pas le nier non plus , les 200 fr qu’on donnait à l’époque, à chaque don, étaient bienvenus pour l’étudiant de 19 ans plutôt fauché que j’étais. Cette société un peu folle nous a mis dans un sacré pétrin et en même temps, c’est pourtant bien nous qui la faisons, cette société. Ce qui est fait est fait, j’en ai souffert moi aussi, beaucoup. A quel point ? Comment vous décrire ça ? Je pensais : « des êtres humains, mes semblables, des enfants, « mes enfants » je me disais… c’est fou ! ils étaient peut–être quelque part en train de souffrir le martyre à l’idée de n’avoir aucun espoir de rencontrer un jour leur père biologique ; ils sont là quelque part, je ne sais pas où, à souffrir ,et ce sont « mes » enfants , et ils souffrent à cause de moi ! » C’est fou, et pourtant c’est si beau , les enfants . Ce qu’il y a de plus beau. Alors toute la souffrance, toute la misère , toutes les peurs , les questions , les qui suis–je ?, s’évanouissent parce que les enfants c’est la vie, c’est l’amour. Le désir d’un couple infertile qui veut un enfant, c’est de l’amour tout autant, et c’est cet amour aussi qui fait que vous êtes là, et ça non plus on ne peut le nier.

A 22 ans j’ai rencontré une fille qui allait devenir ma compagne pour 7 longues et belles années. Elle avait déjà un enfant de 6 mois. Le désir d’avoir un enfant ensemble est vite venu. Un jour, elle a fait un test de grossesse mais il était négatif. J’étais un peu déçu mais n’avais aucune inquiétude : elle serait un jour enceinte ! Par contre l’importance de son angoisse à elle au sujet de sa fertilité m’a étonné. Puis elle a été enceinte. Un enfant est venu : Jules, mon fils aîné.

Et, je crois bien que c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à avoir des angoisses en repensant aux dons de sperme que j’avais fait 4 années auparavant. Alors un jour, j’ai décidé de retourner au labo où j’avais fait mes dons avec l’intention de leur demander de lever le secret de mon identité. Le laboratoire n’existait plus mais j’ai réussi à retrouver le lieu où était archivé mon dossier. J’ai dis exactement ceci « si un jour un enfant issu de mes dons voulait me retrouver, je veux qu’on ne le lui interdise pas. Je veux que cela soit bien enregistré dans mon dossier». Une aimable personne m’a affirmé que cela serait bien noté dans mon dossier mais je ne savais si je devais la croire.

Quel soulagement quand en écoutant une émission de radio sur France Culture, j’ai appris qu’il existait une association qui milite pour la levée de l’anonymat ! J’ai aussitôt contacté PMA. Il faut que les hommes réfléchissent avant de donner leur sperme. Qu’ils lisent tous ces témoignages d’enfants IAD avant !! Aujourd’hui je fais ce témoignage dans l’espoir que cela puisse amener à faire réfléchir d’éventuels donneurs avant qu’ils ne commettent cet acte et aussi et surtout contribuer à changer la loi et lever l’anonymat.

Jean Yves 51 Ans

Jean Yves 51 Ans
Juste ces quelques lignes pour vous dire que je suis un « inconnu » donneur de l’année 1985.
J’ai fondé une famille de trois enfants, mais j’ai voulu briser certains « Formatages » créés par notre société et quelque part rendre heureux ceux qui à mes yeux étaient malheureux.

Les mots : anonyme et inconnu me gênent beaucoup car ma décision de « donner » fut le fruit d’une grande réflexion, tout simplement donner le bonheur.
A cette époque, j’étais loin de penser que ces enfants souffriraient. Il faut absolument converser et par conséquent éliminer de nos esprits le mot « inconnu ».

Comme l’éthique actuelle de notre société nous impose sa morale qui a pour but de dire comment les êtres doivent se comporter, il est important que les médias soient sensibilisés au fait que les enfants veulent savoir et que les pères ne veulent plus être des donneurs inconnus. Avec le temps, l’éthique actuelle sera modifiée…

Valentin

Val Mai 2015
Alors que j’étais en souffrance d’une épouse refusant de porter mes enfants, le responsable du CECOS de Grenoble me confiait que le centre était en manque de donneurs et me proposa de venir en aide à des couples désireux –eux– d’avoir des enfants.

J’ai volontiers accepté, avec l’idée que je serais dans l’ombre…Ce geste fut un partage d’amour et d’ouverture de coeur.

C’était dans les années 1978 et 1979 et suis en possession d’un n° de dossier.

Aujourd’hui, je veux lever le voile en sortant de l’anonymat par ces quelques lignes et serais très heureux de faire en sorte que cette loi change pour tous les enfants issus d’assistances médicales avec donneurs.

Je sais que quelque part, ils ne sont et ne seront jamais mes enfants, mais je reste complètement ouvert à une discussion, afin qu’ils puissent vivre épanouis et sans secrets sur leurs origines biologiques.

Aussi, je m’engage à témoigner sereinement.

Depuis, j’ai 2 adorables filles qui ont fait de moi un grand Père comblé d’Amour.

Voilà, c’était une partie de mon histoire.

Marie aude 33 ans

Marie aude 33 ans
« J’ai été mal informée, Pardon…»

Bonjour,
Je souhaiterais témoigner de mon expérience de donneuse d’ovocytes.
Mon geste était un partage d’amour. Ma seule hésitation : l’anonymat ne risque–t–il pas de créer un trouble affectif et psychique chez l’enfant en grandissant, comme les enfants adoptés ? « Non, me répond la psychologue du CECOS. L’adoption débute par un abandon, alors que la PMA est issue d’un don ; le résultat n’est pas pareil ! » OK.
Je fais ce traitement, qui fonctionne bien, il y aura assez d’ovocytes pour les trois couples. Ouf ! J’avais peur de la déception que pourraient ressentir les parents en attente. J’espère que çà fonctionnera pour eux et qu’ils auront la joie de chérir des enfants comme je peux chérir les miens. Un enfant est pour moi le plus beau cadeau que la vie puisse nous faire.
Retour chez moi, reprise de ma vie.
Et un jour, j’entends parler de votre association dans une émission télévisée.
Le choc. Il va falloir que je fasse mettre un mot dans mon dossier, au cas où la loi changerait. Je VEUX que cette loi change ! Pas pour moi, mais pour ces enfants, tous les enfants issus des assistances médicales avec donneurs.
Je voulais donner de l’Amour, pas créer de telles douleurs à ces enfants…Qu’ils sachent et posent leurs questions. Ils ne sont pas mes enfants, et ne le seront JAMAIS. Mais s’ils veulent une explication, je serais ouverte à une discussion. La loi doit être aménagée, pour protéger mes propres enfants financièrement, mais surtout pour que les enfants issus de dons puissent vivrent leur vie de façon plus épanouie, sans secret sur leurs origines.
J’ai été mal informée, Pardon…
L’aurais–je fait si j’avais su avant ? J’aurais attendu que la loi change je pense. Mais pour autant je ne regrette pas : la loi VA changer, la loi DOIT changer. Et quand ces enfants seront majeurs, ils sauront que dans leur dossier la donneuse d’ovocytes est prête à répondre à leurs questions, pour qu’ils puissent aller de l’avant de façon sereine.
Je voudrai militer à vos cotés, je souhaiterai cotiser à votre association pour faire avancer votre combat.
Bonne chance.

Philippe 50 ans

Il y a quelques jours de cela, j’ai vu une émission à la télévision. Elle parlait de cette association P.M.A. Moi-même, j’ai été donneur en 1981 à Paris, j’étais étudiant à l’époque. Quelques années plus tard j’ai eu deux enfants, ils ont 20 et 22 ans aujourd’hui. Le sujet m’a intéressé, je me suis connecté sur le site internet de P.M.A.et après avoir fouillé sur internet, entendu ces témoignages, j’ai compris que je devais répondre. Tout d’abord, je n’ai ni frustration, ni gêne par rapport à l’anonymat du don que j’ai fait à l’époque. J’y ai simplement pensé à l’occasion de la naissance de mes enfants et c’est à peu près tout. Je n’ai pas vécu avec un fardeau et je n’avais pas réalisé non plus que des enfants « IAD » pouvaient en souffrir. Aujourd’hui, ces témoignages m’ont fait réfléchir. J’ai compris que ces témoins ont besoin d’établir un lien avec leurs origines biologiques, ne serait-ce que les nommer. Chez certains témoins, il y a même une grande souffrance, cette recherche peut être un combat, le combat de toute une vie. Je ne veux pas rester indifférent à ces témoignages et je désire faire quelque chose pour permettre à des enfants IAD de retrouver leur origine, pour ceux qui le souhaitent. En tant que donneur, mon engagement n’en aura que plus de poids. Je rejoins donc les combats de l’association, et je témoignerai. Je souhaite lever l’anonymat de mon don et je militerai pour cela. La voie sur laquelle je m’engage n’est pas seulement une démarche généreuse et gratuite. Car, outre le fait qu’il ne me plairait pas de penser que quelqu’un souffre à cause de l’anonymat de mon don, cela me permet aussi de réfléchir sur ma propre histoire. Et en particulier sur les motivations de ce don. Je comprends maintenant que ce n’était pas un hasard. Cela avait un rapport avec ma propre histoire ………. Cela me confirme que l’on a beaucoup à apprendre de la « Vérité ». L’Expérience me donne la certitude que je vivrai positivement cet engagement.

Michel – 52 ans

Michel - 52 ans
J’occupe une fonction de Responsable d’affaires sur le secteur Bretagne.
Je suis marié et père de deux garçons de 24 et 20 ans.

Après la naissance de notre deuxième garçon, mon épouse ne supportant pas la pilule, nous avons envisagé la vasectomie comme moyen de contraception. C’est assez peu courant que l’homme prenne en charge la contraception du couple mais c’est pour moi en quelque sorte un acte de responsabilité et également d’amour.
Il faut savoir que c’est irréversible à 95% et avant ce geste chirurgical, il est fortement recommandé de réaliser une auto conservation de sperme.
Voilà donc le premier contact avec le CECOS de Rennes, l’entretien avec un médecin, le questionnaire et la demande si je voulais faire des conservations supplémentaires, ce à quoi nous n’avions pas donné suite à l’époque – cela fait donc 20 ans.
Je passe sur les 3 passages au CECOS pour le recueil de sperme, la vasectomie et le retour au CECOS pour le contrôle après l’opération afin de vérifier qu’il n’y a plus de spermatozoÔde.
Ainsi va la congélation pendant environ 15 ans, avec demande de paiement annuel pour la conservation.

Au bout de 15 ans, c’est à dire il y a environ 4 ans, j’ai demandé à ne plus conserver mes paillettes.
Le CECOS m’a alors demandé si je voulais les donner, ce à quoi nous avons donné notre accord suite à un entretien assez sommaire.
A priori il y a pas beaucoup de cas de congélation sur une telle période.

Quand j’ai voulu savoir le nombre de naissances issues de mon don, j’ai essuyé un refus au regard de l’éthique. Je ne demandais pas à connaître les personnes mais seulement savoir si cela avait « profité » à quelqu’un. J’en suis ensuite resté là.

La lecture de l’article dans Aujourd’hui en France cet été (22 08 06) à réveillé en moi cette idée de frustration et également généré une gêne surtout vis à vis des enfants IAD qui eux sont plus à plaindre car c’est tout un passé qui leur manque.
C’est pourquoi je suis solidaire des actions menées par PMA pour lever l’anonymat.