Homoparentalité et procréation médicalement assistée : les enfants d’abord

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le 14–11–2012 Édité par Gaëlle–Marie Zimmermann
Par Arthur Kermalvezen

Les débats parlementaires ont fait suite à l’adoption par le Conseil des ministres du projet de loi autorisant le mariage et l’adoption pour tous. Mais la question de la procréation médicalement assistée reste en suspens. Arthur Kermalvezen, porte–parole de l’association « PMAnonyme » et co–auteur du livre « né de spermatozoïde inconnu », explique pourquoi les droits de l’enfant doivent passer avant le droit à procréer.

Voilà que « le changement c’est maintenant. » Mais de quel changement parlons–nous ?

Je me prénomme Arthur, je fais partie de la première génération des jeunes conçus par insémination artificielle avec un donneur anonyme.
Après avoir étudié toute la journée mes cours de droit, assis dans un sofa, installé devant mon ordinateur, je me rue sur le site de la chaîne parlementaire. Je retrouve la vidéo des auditions d’Irène Théry et Martine Gross, sociologues, sur la question du « mariage pour tous ».

L’EGALITE DES DROITS : UNE EVOLUTION LOGIQUE
Ces sociologues expliquent clairement que l’égalité face au droit de se marier quelle que soit son orientation sexuelle est bienvenue. Et je m’entends penser: « Ok, bon. Mais alors cette mise à niveau du droit, logiquement, ne pourra en aucun cas entraîner d’autres inégalités sur le plan de la procréation… »
Donc, rien ne permettra de refuser l’assistance médicale à la procréation à un couple marié, qu’il soit hétérosexuel ou homosexuel
Mes parents sont hétérosexuels et je souffre depuis que j’ai appris que les CECOS (Centres d’étude et de conservation des oeufs et du sperme) leur ont volé une part d’autorité parentale : celle qui consiste à élever un enfant dans toute la vérité de sa conception.
Je m’explique : je sais depuis toujours la façon dont j’ai été conçu (mes parents m’en ont parlé dès que j’étais dans le ventre de ma mère), pourtant je ne sais rien sur celui qui a participé à ma conception : mon géniteur.
Connaissant la bienveillance de mes parents, jamais je n’aurai pu imaginer qu’à la question que je leur ai posée à l’âge de 18 ans : « Puis–je savoir qui est ce gars qui a permis ma conception ? », ils me répondraient qu’ils n’en savent rien.

PRIVILEGIER LES DROITS DE L’ENFANT PLUTOT QUE LE DROIT A L’ENFANT
Les CECOS ne veulent pas me dire qui est cet homme et considèrent que le simple fait que je me pose cette question est suspect. En réalité, mes parents ont eu des « Kinder sans surprise » autrement dit, des enfants sans droits.
Nous n’avons pas les mêmes droits que nos concitoyens qui eux, peuvent savoir qui sont leurs géniteurs. Nous sommes des humains dont on a gommé une partie de l’identité. Nous sommes des enfants dont le carnet de santé est sans antécédents médicaux crédibles. Nous sommes des objets de droit mais pas des sujets de droits.
La volonté procréatrice de la société et de nos parents a ainsi fait naître des enfants aux droits artificiels.
Nous sommes des Kinder sans droit à la connaissance de nos origines, nous sommes bel et bien – et chacun sait, à quel point, la surprise,dans le Kinder, fait tout –, des Kinder sans surprise.

Je ne prends pas position pour ou contre l’accès à la pma pour les couples homosexuels. Mais je tiens à rappeler qu’il y a un préalable à toute évolution législative: la reconnaissance du droit d’accès à ces origines personnelles pour tous les enfants.

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