« C’est le nouveau secret défense version bioéthique »

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Anonymat du don de gamète : « le secret défense version bioéthique »
Par Véronique MARTINACHE

PARIS, 6 fév 2011 (AFP) – : à 27 ans, Arthur Kermalvezen porte son combat pour la levée de l’anonymat du don de gamètes comme une seconde nature. Enfant né d’une insémination artificielle avec donneur, porte–parole de l’association Procréation médicalement anonyme, il a annoncé avoir cessé de s’alimenter depuis mercredi soir pour faire entendre sa cause avant le débat sur la bioéthique à l’Assemblée nationale.

« Moi, j’ai toujours su comment j’ai été conçu. Et, à vrai dire, quand j’étais petit, j’étais persuadé que tout le monde avait été conçu comme moi,raconte–t–il à l’AFP. Jamais je n’aurais imaginé que j’aurais à mener un combat pareil ». »Quand on nous révèle notre mode de conception, on nous explique en gros que dans notre univers, notre maison psychique intérieure, il y a une pièce qui est fermée. Quand j’ai été en âge de demander où était la clé, parce que je pensais que ça devait sentir le renfermé dans cette pièce, on m’a dit :
Non, c’est mieux pour vous que cette porte reste fermée », poursuit–il. « Alors pourquoi avoir dit à mes parents que c’était mieux de nous révéler le plus tôt possible comment on avait été conçu, se demande–t–il. C’est là l’incohérence : on est coincé, on est dans un sas, pris entre : Je sais comment j’ai été conçu+ et un mur sur lequel on se casse le nez en permanence ». »Mes parents sont très fiers d’avoir conservé le contrat de confiance qu’il y avait entre eux et leurs enfants, puisqu’ils ne leur ont jamais menti,mais ils sont désolés de ne pas pouvoir aller plus loin », dit–il.
Pour Arthur, la levée de l’anonymat, c’est avant tout pouvoir, enfin passer à autre chose, dire au donneur : « Sortez de nos têtes, et rentrez chez vous ! ».Pas question pour lui de filiation ou de lien familial avec le donneur.
« Ca ne m’intéresse pas. Mon histoire familiale, personne ne peut revenir là–dessus », assure–t–il, disant combien il aime ses parents et ses deux soeurs, « des soeurs à 100% ». « Dès que je dis que je cherche mon géniteur, les gens comprennent que je cherche mon père. Ce n’est pas mon père. Je veux juste qu’on reconnaisse aux donneurs une toute petite part de responsabilité, de responsabilité citoyenne », explique–t–il. « Dans un premier temps, j’étais révolté contre mes parents et puis, très vite, je me suis rendu compte que c’était systémique, que ce n’était pas à eux que je pouvais en vouloir, parce que eux–mêmes ont été pris dans un système qui les infantilisait au maximum », dit–il aussi.
« Et je leur ai dit : Le drame dans cette affaire, c’est que je mène un combat que vous auriez dû mener, mais qu’on vous a empêché de mener parce que vous êtes endettés vis–à–vis des médecins. Vous leur devez tellement »,ajoute–t–il.

Très exposé médiatiquement, Arthur confie qu’il prend des coups dans ce combat.
« On est caricaturé et traîné dans la boue, comme si on voulait l’avènement d’une société du troisième Reich. Quand ce n’est pas nous qui sommes traînés dans la boue, c’est nos parents, qui sont des parents défaillants, qui n’ont pas su nous dire de la bonne manière comment on avait été conçus »,se plaint–il.
« Encore aujourd’hui, j’ai du mal à me dire que je ne saurai pas », avoue–t–il.