« Loin d’être une falsification de la réalité, le nouveau droit de la filiation que les partisans du projet appellent de leurs voeux reposerait au contraire sur une parfaite transparence. Ainsi, l’anthropologue Agnès Fine énonce les trois modalités d’établissement de cette « filiation pluraliste » offrant par ailleurs les mêmes droits, devoirs et interdits pour tous, sans discrimination selon le statut conjugal des parents ou la composition du couple : l’engendrement procréatif : je m’engage à devenir le parent de cet enfant parce que je l’ai fait. C’est la reconnaissance ; l’adoption : je m’engage à devenir le parent de cet enfant que je ne prétends pas avoir fait, et qui était de son côté privé de filiation ; enfin, l’engendrement avec tiers donneur : je m’engage à devenir le parent de cet enfant conçu grâce au don d’un tiers, et cela, que j’aie moi-même procréé ou pas. Cette troisième modalité, ouverte aux couples hétérosexuels infertiles et aux couples homosexuels, serait fondée sur un engagement public (et non plus secret, comme aujourd’hui) devant le juge ou le notaire et établissant par avance la filiation de l’enfant. « Elle protégera simultanément les parents intentionnels, les donneurs qui ne sont pas des parents et les enfants qui pourront, s’ils le souhaitent, initier des démarches pour accéder à leurs origines », assure Agnès Fine ».
Source : Magazine Le Point du 29 janvier 2013