Irène THERY

Irène THERY

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Irène THERY
Sociologue, directrice d’études à l’EHESS et membre du Haut Conseil de la famille

« En maintenant l’anonymisation des dons, la France s’obstine dans une voie en impasse, celle de la discrimination ontologique qui a créé de toutes pièces, sans bénéfice pour personne, une catégorie d’humains à part de tous les autres : la seule qui, par le seul effet de la loi et à jamais, est privée de réponse à une question fondamentale pour la singularisation individuelle, et à laquelle tous les autres peuvent ou pourraient répondre : À qui dois-je d’être né ? Il est temps de comprendre que pour conforter dans leur place inexpugnable les parents qui ont voulu l’enfant et qui l’ont engendré en faisant appel à un donneur, il n’est pas nécessaire de céder à cette effarante mythologie selon laquelle ces enfants sont nés d’une personne et de ce que certains médecins nomment encore un « matériau interchangeable de reproduction »

« L’Angleterre et les pays d’Europe du Nord ont quitté ce système “ni vu ni connu” et assument qu’il y ait trois protagonistes : les parents intentionnels et le donneur. “Ces pays confortent l’idée que le donneur n’est pas un parent. En France, on pense qu’il faudrait le cacher sinon il viendrait prendre la place des parents”, précise Irène Théry. Ces pays reconnaissent la PMA pour ce qu’elle est : une manière nouvelle d’engendrer des enfants ».

Le système français, renforcé par la loi de bioéthique de 2011 sous l’influence de la frange réac de l’UMP et de certains psychanalystes, a deux conséquences majeures. Il ferme l’accès aux origines pour les enfants nés de la PMA – cette génération revendique aujourd’hui de faire sauter le verrou du secret sans pour autant transformer le donneur en parent »

Source : Magazine Les Inrocks du 19 janvier 2013

http://www.lesinrocks.com/2013/01/19/actualite/la-pma-pour-toutes-11342958/