Les Tests ADN, de la curiosité à la surprise

Les Tests ADN, de la curiosité à la surprise

Je m’appelle Frédéric, j’ai 46 ans. J’ai appris il y a 6 mois que mon père n’est pas mon père biologique !
Tout a commencé par le visionnage de cette superbe vidéo où des personnes fières de leurs origines découvrent que finalement la réalité est toute autre.

https://youtu.be/GgK_DCbRxLM

Piqué par la curiosité, je décide de faire ce test pour découvrir mes origines ethniques éloignées. Ma famille maternelle et paternelle ayant réalisé des arbres généalogiques sur plusieurs générations remontant au 18ème siècle, je m’attends à être assez peu surpris par le résultat.

Arrivent les résultats tant attendus.
Je découvre dans un premier temps mes origines ethniques qui correspondent plus ou moins à ce que j’avais imaginé. Les « matchs » de personnes quant à eux sont plus surprenants, deux personnes identifiées comme des cousins issus de germains apparaissent en top liste. Etant très proche de ma famille et connaissant mes cousins issus de germain au 1er et 2ème degré, je suis très étonné de ne pas connaitre cette branche, ni même ces noms de famille.
Lors d’un séjour chez mes parents, je leur montre les résultats et évoque mon étonnement. Ils ne semblent pas curieux ni même intéressés et balayent le sujet rapidement sans que cela suscite chez moi une interrogation…. Je passe à autre chose en remettant en doute la pertinence des résultats.

2 mois après, mes parents demandent à me parler en tête à tête et me dévoilent ce lourd secret : Mon père n’est pas mon père biologique.
Mes parents m’expliquent ensuite qu’après plusieurs années de tentatives infructueuses, le spermogramme réalisé par mon père avait révélé une azoospermie complète.
Passé le choc du diagnostic, le seul moyen pour eux d’accueillir un enfant était d’adopter ou de passer par une PMA. Mon père étant dans le corps médical dans un service de gynécologie, il savait que le premier CECOS français créé à Necker en 1973 commençait à réaliser les premières PMA à partir de donneurs anonymes.
Une fois la décision prise et l’insémination réalisée, mes parents ont fait le serment de conserver ce secret jusqu’à leur mort et de ne le révéler à personne, ni famille, ni ami. Seul un courrier, rédigé par mes parents à mon attention devait m’être donné par notre notaire après leur décès.

Au-delà de l’annonce… terrible… mon premier sentiment est allé vers mes parents et ce lourd secret qu’ils ont dû porter pendant plus 45 ans. J’imagine tous ces moments passés…entre la naissance où l’on s’extasie devant le nouveau-né en lui trouvant des ressemblances avec tel ou tel ancêtre, et puis tous leurs amis ou familles qui ont pu traverser les mêmes difficultés et qu’ils n’ont pu réconforter en partageant leur expérience. Quelle douleur !

Je ne leur en veux absolument pas et comprends parfaitement leur décision d’avoir gardé ce secret. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque ou la PMA était extrêmement mal vue et même considérée comme un adultère. Quelle aurait été la réaction de ma famille, plutôt traditionnelle et classique, m’auraient-ils rejeté, aurais-je été considéré comme le bâtard de la famille ? Les psychologues et obstétriciens de l’époque conseillaient vivement aux parents de ne surtout pas révéler le secret.
Le monde a tellement changé depuis, je ne suis pas là pour juger !

Mes parents repartis, je me suis retrouvé seul chez moi … interloqué et face à un miroir, à me demander qui j’étais réellement et d’où pouvaient venir ses traits physiques et de caractères que je ne retrouvais pas chez ma mère et qui devaient naturellement venir de mon donneur.

Très rapidement, j’ai eu le besoin d’en parler à mes amis, puis rapidement à qui voulait bien l’entendre. Les premiers retours, mise à part la sidération, ont été extrêmement positifs et emprunts d’affection. Plusieurs ont souligné le courage de mes parents de faire le choix de la PMA, de garder pour eux ce secret pour me protéger.
S’il doit y avoir une évidence, c’est que je suis un enfant désiré … c’est cela que je retiens de plus important.

Passé la sidération, j’ai eu un besoin viscéral de connaitre mes origines, un nom, un visage, une profession, une origine ? Il ne se passait pas une heure sans que j’y pense.

Très rapidement, j’ai commencé à effectuer des recherches et pris contact avec ces deux « cousins » avec lesquels le match était important (+3%).

C’est à partir de ce moment que tous les événements se sont enchainés les uns après les autres avec une facilité déconcertante ! Une bonne étoile était avec moi.

Ces deux « cousins » ont été sensibles à ma quête et m’ont autorisé à consulter leur arbre généalogique qui s’est révélé être très complet.
Après plusieurs recherches et croisements, je suis tombé de façon certaine sur l’identité de mes « grands-parents biologiques » qui, au travers de leur acte de décès, m’ont permis d’avoir l’identité formelle d’un de leurs enfants…. et un numéro de téléphone.
…C’était un lundi soir.

Mardi soir, prenant mon courage à deux mains, j’appelle ce numéro et explique mon histoire à mon interlocuteur (qui s’est avéré être mon « oncle biologique »). Très ému par ma présentation, il me révèle qu’effectivement son frère ainé avait fait des dons de sperme alors qu’il était militaire sur Paris en 1974.
Quelques minutes après mon appel, j’avais le prénom et le numéro de téléphone de mon donneur.
Après une grande inspiration et quelques notes gribouillées sur un papier, je décide de l’appeler.
Il décroche…
Je me présente…
Il rigole nerveusement et me dit « Je savais qu’un jour ou l’autre ça allait me tomber dessus » et ajoute « Salut mon Gars, ravi de faire ta connaissance ». Nous sommes émus, on s’envoie des photos en direct et il m’invite à venir diner chez lui en région parisienne.

Jeudi soir, je suis devant son portail, je sonne, on se regarde, on se jauge, on rigole, nous nous prenons dans les bras… Quelle émotion indescriptible !

Il m’invite à le suivre, nous traversons sa maison et je découvre dans le jardin sa femme, sa fille et son gendre qu’il avait convié à l’événement.

Moi qui avais toujours souffert d’être fils unique, je me découvre une demi-sœur !

Le reste de la soirée est floue, le stress et la singularité de l’événement m’ont embrouillé la mémoire…. Dire que 4 mois avant, je faisais un simple test ADN pour m’amuser de mes origines !

Depuis, nous continuons à nous voir, mes parents ont été mis au courant et mes enfants ont intégré cette « nouvelle composante de notre famille ».

Je tenais à témoigner de mon expérience car j’ai le sentiment, conscient ou inconscient d’avoir « complété mon puzzle », et d’avoir enfin trouvé la pièce manquante.

Rétrospectivement, depuis que je suis enfant, j’ai toujours eu l’impression d’être différent, de ne pas connaitre une partie de moi-même, d’avoir une part d’ombre et d’inconnu.

Je pense avoir trouvé la réponse à mes questions.

Témoignage Frédéric