Diane, Léo et Elise: Retrouver une part de soi

Je sais depuis toujours que j’ai été conçue par don de gamètes, mais c’est quelque-chose que j’ai mis longtemps à réellement réaliser et comprendre, avec tout ce que ça impliquait d’inconnu sur ma génétique, mes antécédents médicaux, mes origines.

D’abord anecdotique, en partie grâce à une certaine influence de la part des autres, du type « oui, mais tu as quand même un père donc ce n’est rien ! On s’en fiche, de la génétique ! », cela a pris toujours plus d’ampleur pour moi en grandissant. Je n’avais pas de mal à aborder ce sujet, mais personne ne comprenait et je n’avais toujours pas les réponses aux questions que je me posais : « Combien sommes-nous ? Qui est le donneur ? Pourquoi a-t-il donné ? Quelles sont ses origines ? Me ressemble-t-il ? Que fait-il de sa vie ? » .

Au fil des années, de l’adolescence à l’âge adulte, c’est devenu presque une crise identitaire. Cela commençait à avoir une influence néfaste sur ma relation avec mes parents, à qui j’en voulais beaucoup de m’avoir imposé cet anonymat forcé, sans penser aux conséquences sur ma vie, au nom de leur désir d’enfant.

C’est dans une de ces phases où je me posais trop de questions que j’ai rejoint l’association PMAnonyme et que j’ai fait un test ADN 23andme.

Après 2 semaines d’attente, je me suis réveillée un matin en découvrant que j’avais un demi-frère génétique 3 ans plus âgé, dans une région voisine. Cette découverte a changé ma vie et je crois, celle de mon demi-frère génétique. Nous nous sommes rencontrés et avons discuté, c’était une évidence que quelque chose de plus nous unissait que la génétique seulement, peut-être notre expérience de vie. Ca été un énorme apaisement pour moi, qui ne ressemble pas à mes parents et frères et sœurs, de trouver quelqu’un qui me ressemble, et comprend ce que je vis, ce que je ressens par rapport à cet anonymat et ce vide sur nos origines. Quelques jours plus tard, en transférant mes résultats ADN sur Myheritage, j’ai également trouvé une demie-sœur génétique. Deuxième émotion forte : combien sommes-nous ? Difficile, voire impossible à savoir…

Nous discutons maintenant tous les trois presque tous les jours, et comptons nous rencontrer à 3 prochainement. Depuis ces découvertes, je me sens mieux, et j’ai l’impression d’avoir pu retrouver une part de mes origines. Je me sens apaisée vis à vis de ma conception, et j’en veux moins à mes parents. J’ai l’impression d’un retour à une vie normale, moins assaillie de questions, la vie que j’aurais dû avoir sans l’anonymat imposé par l’Etat français.

Nous cherchons toujours notre donneur et espérons le retrouver dans quelques années grâce à  la démocratisation des tests ADN.

Pour leur aide, je remercie l’association PMAnonyme et tous ses membres, car je leur dois la découverte qui a changé ma vie pour le mieux !