à Arthur (pendant sa grève de la faim fev 11)
De ma petite Belgique, j’observe ton combat depuis un certain temps déjà.
Je suis née à Liège, le 11 décembre 1985 grâce à deux parents très désireux d’avoir un enfant et probablement très courageux malgré le manque d’accompagnement psychologique mis à leur disposition pour faire face à la stérilité.
Ils vivaient une détresse face à leur désir d’enfant qui tardait à se concrétiser et ont rencontré un médecin du CPMA de Liège leur proposant une solution.
Plus précisément, une équipe de médecins, biologistes, infirmières et techniciens développent et proposent des traitements pour faire face à l’infertilité. Le traitement le plus adéquat concernant mes parents : l’insémination artificielle avec donneur anonyme.
A partir de là, mon parcours ressemble fort au tien. Avant ma naissance déjà, me voilà présentée comme un traitement.
Quelle responsabilité !
Mais quelle responsabilité?
Celle de permettre au couple de mes parents de s’investir dans la construction d’une famille correspondant aux normes de conformité de la société?
Celle d’être le traitement du couple de mes parents… le thérapeute alors?
Celle de respecter ce qui a été décidé lors de ma conception, lors de la sélection d’un donneur ressemblant à mon père (yeux, cheveux, taille, poids, groupe sanguin, etc.)… de faire « comme si »?
Celle de grandir et de vivre épanouie, heureuse d’être née sans jamais avoir envie d’aller voir ce qu’il se cache dans ce coffre–fort… car si cette envie survenait, le traitement serait–il toujours efficace? Serais–je toujours bien cette enfant désirée et conçue dans tellement d’amour?
Questions, angoisse, colères, non–dits ont fait partie de ma vie…
Cela me traverse très souvent l’esprit.
Et pourtant, si tout l’humour de la destinée humaine fait qu’aujourd’hui je deviens thérapeute de profession, je suis la thérapeute que j’ai choisi! Je me suis formée dans cette direction, je ne suis plus victime d’un rôle mais je fais le voeux d’être actrice de changements! En tant que femme de cette vie, je place mon rôle autour de l’humain, dans toute sa globalité et j’aime ce que je fais.
Ma pierre à l’édifice : communiquer à mon entourage !
Déconstruire ces idées préconçues et déprogrammer les peurs ou blocages enfuis en chacun afin de pouvoir aborder le sujet complexe du don de sperme (entre autres) de manière nouvelle, dans un échange riche en partage et neutre puisque moi–même, je n’ai pas de réponse évidente à donner face à toute cette complexité…
A ce propos, la vie n’a pas attendu l’homme pour se propager… elle ne s’arrêtera pas non plus avec lui…
Je suis disponible en Belgique pour tout enfant IAD éprouvant le besoin de partager son vécu … .