PMA: À qui profite l’anonymat? (France Inter, Grand bien vous fasse!)

Jeudi 13 juin 2019, Vincent Brès, Président de PMAnonyme était l’invité de Grand bien vous fasse! sur France Inter pour discuter PMA et anonymat.

Pour écouter l'émission dans son intégralité (51mn), c'est ici sur le site de France Inter: https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-13-juin-2019
Pour écouter l’émission dans son intégralité (51mn), c’est ici sur le site de France Inter.

Dans cette édition de Grand bien vous fasse!, France Inter se penche sur la question de la Procréation Médicalement Assistée (PMA) et de l’anonymat, et s’interroge sur notre conception moderne de la famille et de la filiation. Pour cela, la productrice Giulia Foïs a reçu deux invités sur son plateau:

  • Vincent Brès, président de l’association PMAnonyme
  • Geneviève Delaisi de Parceval psychanalyste, sociologue spécialiste de bioéthique

Pour écouter l’émission dans son intégralité (51mn), c’est ici sur le site de France Inter. Vous trouverez ci-dessous quelques morceaux choisis et citations clés.

« Levée de l’anonymat » versus « accès aux origines »

Au cours de cette émission, Vincent se félicite du glissement sémantique de la « levée de l’anonymat » vers « l’accès aux origines » dans la bouche même du Premier Ministre et rappelle que l’association ne prône pas la levée de l’anonymat mais bien l’accès aux origines.

Si les deux formules semblent à première vue synonymes, elles s’inscrivent en fait dans deux logiques différentes. La levée de l’anonymat met le donneur au centre en exposant son identité. L’accès aux origines replace l’enfant issu d’un don au centre de la démarche en lui garantissant le droit à lui seul (et non à ses parents) d’accéder à un certain nombre d’informations sur son donneur, un droit qui lui est personnel.

Une quête d’identité, et non de filiation

Parmi les questions abordées lors de l’émission, celle de la différence entre « donneur » et « père biologique » et pour laquelle Vincent Brès insiste : « pour nous qui le vivons dans notre chair, pour toutes les personnes issues d’un don que l’association représente, il n’y a aucune confusion entre « donneur » et « père ». Notre père, c’est vraiment celui qui nous a élevé. Le donneur est une figure, dont on a pour l’instant aucune information, qui ne fait qu’apporter de l’hérédité. » Une hérédité nécessaire à la construction identitaire.

« Pour nous qui le vivons dans notre chair, il n’y a aucune confusion entre « donneur » et « père ». »
Vincent Brès

Le témoignage de Guillaume, né d’un don de sperme, confirme cette position. « J’aimerais savoir à qui je ressemble, explique-t-il. Un père, on en a qu’un seul. On n’est pas en recherche de filiation, mais en quête d’identité, et cette quête passe par l’identification du donneur ».

« On n’est pas en quête de filiation mais d’identité, et cela passe par l’identification du donneur ».
Guillaume, conçu grâce à un don de sperme

En plus du témoignage de Guillaume, la productrice fait intervenir plusieurs auditeurs au cours de l’émission; des parents mais aussi un donneur, Joseph, qui explique qu’il accepterait de révéler son identité aux enfants issus de son don. « J’ai aidé des parents il y a plus de trente ans. Je pense qu’il est de mon devoir d’assumer la suite de ma démarche. Les jeunes nés de mes dons ne paieront pas ma maison de retraite; je n’ai aucun devoir de secours matériel à leur égard. Cependant, je serai là pour répondre à leurs questions–s’ils le veulent, quand ils le veulent–, il s’agit pour moi d’une dette morale.« 

« Il est de mon devoir d’assumer la suite de ma démarche; il s’agit pour moi d’une dette morale. »
Joseph, donneur de sperme

Le « double guichet » créerait une inégalité insupportable

L’option du « double guichet » est l’une des pistes explorées par le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) pour la révision à venir de la loi bioéthique. Une option à laquelle s’oppose fermement PMAnonyme, comme l’a rappelé le président de l’association. Ce « double guichet » offre au donneur, et non à l’enfant devenu majeur, la possibilité de décider si oui ou non il accepte de révéler son identité aux personnes nées de son don.

« Nous sommes vigoureusement opposés à cette option, insiste Vincent Brès. Cela représenterait une rupture d’égalité très profonde et insupportable. » Vincent notera également plus tard dans l’émission que le droit d’accès aux origines n’est pas nécessairement un droit à la rencontre.

Les adultes nés d’un don de gamète ne sont pas les seuls à être infantilisés, note Geneviève Delaisi de Parceval. De son point de vue, le donneur l’est aussi: « Si on le prenait pour quelqu’un de responsable, on lui dirait: « Monsieur vous donnez, mais vous n’êtes pas obligé de le faire. Si vous donnez, sachez que l’enfant né grâce à vous aura, à sa majorité, le droit de connaître votre identité. Il s’agit de responsabiliser tout le monde. Il s’agit de laisser le choix de donner ou de ne pas donner; mais pas de donner sous conditions. »

« Il s’agit de laisser le choix de donner ou de ne pas donner; mais pas de donner sous conditions. »
Geneviève Delaisi de Parceval

Les tests ADN marquent la fin garantie de l’anonymat

La discussion avec la productrice ne manque pas ensuite d’évoluer vers la question de la fin de l’anonymat à l’heure des tests ADN récréatifs (illégaux en France, mais possible à l’étranger). Au sein de l’association, seize donneurs ont été identifiés grâce à des tests ADN, a rappelé Vincent Brès avant d’ajouter: « Ce que l’État nous a enlevé il y a des années, la technologie est en train de nous le rendre. »

Ce que l’État nous a enlevé il y a des années, la technologie est en train de nous le rendre »
Vincent Brès

Pour écouter ou ré-écouter l’émission dans son intégralité (51mn), c’est ici sur le site de France Inter.