Pause santé

Le don de gamètes doit–il rester anonyme ?

Les lois de bioéthique de 1994 – reprises par celle de 2004 – ont soumis les pratiques d’assistance médicale à la procréation (AMP) par don de gamètes au principe d’anonymat entre donneurs et receveurs. La révision de la loi prévue en 2010 est l’occasion d’interroger à nouveau ce principe, de plus en plus remis en cause.

La règle sur l’anonymat se veut une règle protectrice :

– elle garantit la gratuité du don et permet ainsi d’éviter tout trafic de matériaux biologiques humains, et particulièrement de gamètes ;

– elle évite aux donneurs toute responsabilité vis–à–vis de l’enfant conçu et encouragerait ainsi les dons ;

– elle tente d’assurer enfin la stabilité de la cellule familiale en évitant d’y introduire un tiers.

Cependant, trois objections majeures sont apportées à ce principe :

– si jusqu’ici la paternité affective a été retenue dans l’AMP avec don de gamètes comme le lien principal de la filiation, les psychanalystes et anthropologues attirent l’attention sur les dangers qu’il y aurait à cacher leur identité biologique aux enfants. Ceux–ci en ont en effet besoin pour se construire, s’épanouir et assumer à leur tour leur paternité ou maternité. « Je recherche simplement une part d’hérédité qui m’aiderait à mieux me connaître. Il me semble que je pourrais alors envisager mon rôle de mère avec plus de sérénité », confie une jeune femme de 33 ans ;

– par ailleurs, cette ignorance risque de devenir un problème dans les pratiques ultérieures de prévention et de dépistage ;

– enfin, les opposants notent, qu’au plan légal, la levée de l’anonymat n’entraînerait aucun lien de filiation entre l’enfant et le donneur. Celui–ci resterait « un simple géniteur ».

Arthur Kermalvezen, auteur de « Né de spermatozoïde inconnu » rappelle pour sa part qu’il convient de « toujours prendre en compte l’intérêt supérieur de l’enfant » et de garder en mémoire que « l’éthique n’est pas un calcul gestionnaire ».