20 Minutes- 7 février 2011

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Bioéthique L’examen du projet de révision débute sans sa mesure phare

Sous l’impulsion de l’ex–ministre de la Santé Roselyne Bachelot, la levée de l’anonymat des donneurs de gamètes devait être la pierre angulaire du projet de révision des lois de bioéthique, examiné à partir de demain à l’Assemblée nationale. Il n’en sera vraisemblablement pas question. Fin janvier, le nouveau ministre de la Santé, Xavier Bertrand, se démarquait de son prédécesseur en se prononçant «en faveur du maintien de l’anonymat».

Un débat confisqué
Loin d’être clos, le débat continue de faire rage. La position des militants de Procréation médicalement anonyme (PMA) s’est un peu plus radicalisée lorsqu’Arthur Kermalvezen, porte–parole de l’association, a cessé mercredi de s’alimenter pour faire entendre sa cause. Aux yeux des militants de la levée de l’anonymat, le débat leur a été confisqué. Raphaël Molenat, vice–président de PMA, nous confiait être «scandalisé que le gouvernement revienne sur un projet validé par lui un peu plus tôt». Les politiques ne veulent pas ouvrir la boîte de Pandore qui révélerait les dysfonctionnements au sein des centres d’études et de conservation des oeufs et du sperme (Cecos), expliquent les militants, qui dénoncent l’absence de contrôle des Cecos par des autorités indépendantes. Ils citent ainsi le cas d’un jeune homme dont le dossier demeure introuvable. Joint hier par 20 Minutes, le Pr Jean–Marie Kunstmann, directeur du Cecos de l’hôpital Cochin, préférait justifier le revirement du gouvernement par une relativisation des liens biologiques [avec le donneur] au profit de ceux qui unissent l’enfant à sa famille. Il s’est aussi déclaré prêt à partager les informations détenues par les centres avec un autre organisme tel que le Conseil national d’accès aux origines personnelles (Cnaop).

Remontée, l’association PMA lançait de son côté cet avertissement: «Si le débat n’a pas lieu dans l’Hémicycle, il aura lieu dans les prétoires. »