Anne CADORET

Anne CADORET

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Anne CADORET
Antropologue

« L’enfant né suite à un don de gamètes a un seul père et une seule mère, comme l’enfant adopté plénièrement. Toutefois, ce dernier a le droit de connaître ses origines, parce qu’il s’agit de son histoire à lui. Pourquoi, alors, l’enfant né d’un don n’aurait aucun droit à avoir connaissance des personnes qui ont donné d’eux-mêmes à ses parents pour permettre qu’il advienne comme enfant ? La filiation, cet acte éminemment social, ne se confond pas avec le génétique. Mais le corps de l’enfant nécessite des gènes. Notre modèle de filiation a d’ailleurs inclus la variable génétique dans la variable filiative et l’enfant né « sous la couette », l’enfant « biologique » de ses parents connaît son père, mais connaît aussi son géniteur, puisque c’est la même personne ! Pourquoi, alors, quand ces deux rôles sont tenus par deux personnes différentes, anonymiser l’une d’elles ? (…) Comme si nous ne voulions le lâcher, nous avons maintenu un système d’accès à la filiation fondé d’une part sur une désymbolisation de la procréation pour les enfants nés d’un don : ils ont été engendrés avec un simple matériau génétique ; d’autre part sur leur stigmatisation : car eux seuls, au cas où ils le souhaiteraient, ne peuvent accéder à la connaissance de l’identité de leur géniteur »

Source : La nature de la parenté, Anne Cadoret, Quaderns (2011), 27, pp 81-96, ISSN 0211-5557