Olivia Montuschi – épouse de Walter Merricks

Olivia Montuschi - épouse de Walter Merricks
Quand mon compagnon et moi avons parlé d’avoir un enfant, ce n’était pas n’importe quel bébé que je voulais, mais un bébé à nous ! Peut-être même son bébé, à cause de ses beaux yeux bleus, sa façon de s’exprimer, sa patience! parce que nous nous aimions. Comment aurions-nous pu penser à l’impensable! envisager d’avoir un bébé par don de sperme. Voilà quelle était ma situation, il y a quelques années. Peut-être est-ce la vôtre maintenant. Aujourd’hui, nous sommes les parents de deux jeunes enfants conçus par différents donneurs. Ils sont aussi différents et merveilleux que n’importe quels frères et soeurs.
Le point final qui mit fin à nos espoirs d’avoir des enfants génétiquement liés à nous deux nous a été asséné de façon laconique par le médecin de l’hôpital, avant que mon mari n’ait eu le temps de remonter son pantalon : « Vous n’avez pas la moindre chance d’avoir des enfants. N’essayez pas d’avoir recours à des traitements de charlatans, ils ne marchent pas! Au revoir ». On ne nous a offert aucune alternative et il n’y avait aucun soutien psychologique. Nous sommes sortis en titubant dans les rues tristes et mornes de Londres, effondrés par le manque d’espoir, mais pas surpris. C’était écrit depuis le premier test sur le sperme pratiqué par notre médecin de famille.

Je m’étais demandée ce que je ressentirais à ce moment là. Serais-je en colère, triste, désespérée ou simplement déçue ? Est-ce que je l’aimerais toujours ? Comment pourrions-nous avoir des rapports et savoir que jamais un enfant ne serait conçu, quelque soit la peine que nous prenions pour prévoir le moment de nos rapports? (et oui, nous agissions mécaniquement dans notre effort de concevoir !).
Et, en fait, que ressent votre homme sur tout cela ? Je supposais qu’il devait se sentir très mal, peut-être un sous-homme, bien qu’il refusait de le reconnaître. Après des années, j’en suis venue à comprendre que le plus gros chagrin pour lui était l’interruption de la lignée familiale, bien qu’il ne puisse l’exprimer à ce moment là et peut-être ne le réalisait-il pas pleinement lui même. C’est différent pour chacun. On sait que de nombreux hommes supposent que nous n’allons plus les vouloir parce qu’ils ne peuvent livrer « la marchandise ». Bien qu’il soit vrai que la stérilité n’a AUCUN lien physique avec la sexualité ou la virilité, certains hommes se sentent tellement diminués qu’ils peuvent refuser toute relation sexuelle pendant un certain temps et/ou devenir temporairement impuissants après avoir appris qu’ils étaient stériles.
Si vous en êtes capable, donnez lui l’assurance qu’il a sa place dans votre lit aussi bien que dans votre coeur. Il est probable qu’ils se sentiront vulnérables mais seront incapables de demander attention et soutien ou ils les refuseront. Montrer à votre compagnon que vous comprenez et respectez ses sentiments et lui proposer un soutien affectueux (même s’il le trouve difficile à supporter) est la première étape pour faire face à ce que l’avenir vous réserve.

De nombreux couples à qui j’ai parlé disent que c’est juste au moment où ils auraient dû être très proches, qu’ils ne s’étaient jamais sentis aussi éloignés l’un de l’autre par ce qu’ils avaient le sentiment qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde. Il est vrai que la stérilité met les relations à rude épreuve Ceux qui en sont sortis et se sont sentis plus forts de ce fait, disent que le secret est que chaque partenaire se respecte en tant qu’individu qui a besoin de prendre son temps, à son rythme pour affronter ses sentiments. Il peut être utile aussi que chaque partenaire dise à l’autre ce dont il a besoin (de calme, d’espace, de parler, de collecter des renseignements) et soit prêt à négocier pour que tous les deux puissent obtenir satisfaction à certains de ces besoins. Pour moi, il m’a fallu une gestation de neuf mois après le diagnostic définitif de la stérilité de mon mari pour prendre la décision de poursuivre avec l’IAD. Pendant ce temps, chacun de nous souffrait parce que nous ne pouvions engendrer un enfant, mais nous ne parlions que rarement de ce que l’autre endurait.

Tenir les enfants au courant.
Si l’on fait le choix de ne plus cacher la stérilité, cela implique, d’après nous, qu’il ne faut rien cacher de leurs origines aux enfants.
Il est absolument vrai, qu’en tant que femme féconde, je n’ai jamais regretté d’avoir recours à l’insémination par donneur pour construire notre famille. Ma grande tristesse de ne pas avoir SON bébé s’est modifiée au cours des années et m’a donné un sentiment de satisfaction et de plénitude avec les enfants que nous avions. Au fil du temps, nous sommes devenus plus proches en tant que couple à cause des épreuves que nous avions traversées ensemble. En tant que mère, je ne peux imaginer ce que serait la vie si nous n’avions pas été « francs » avec eux dès leur enfance. Les relations que nous avons avec ces deux jeunes individus est intime et chaleureuse, entourée de respect et de sincérité mutuelles.
Ils sont merveilleux.

http://www.dcnetwork.org/