Témoignages tests ADN

Conçu par don en cabinet de gynécologie privé : il faut toujours garder espoir

Je m’appelle Quentin et il y a 28 ans, j’ai été conçu dans un cabinet de gynécologie privé. J’ai appris l’origine de ma naissance aux alentours de mes 10 ans. J’ai essayé à l’adolescence de trouver quelques indices sur mon donneur, en vain. Puis, en grandissant et en tant que jeune adulte, l’envie se faisait de plus en plus grande. Je me rends compte que je ne me connais pas, enfin seulement une moitié de moi … mais l’autre est plongée dans le noir et beaucoup d’interrogations me viennent en tête ! Qui est mon donneur, ses origines, où vit-il, ai-je des demi-frères et -sœurs, mais aussi des questions moins drôles telles des maladies héréditaires dont je devrais être au courant ?
Tous mes proches à qui j’ai pu en parler avaient une réponse unanime : je ne retrouverais JAMAIS mon donneur, c’est anonyme et la loi ne prévoit pas d’aider les enfants nés de dons, je dois apprendre à vivre avec. 

Bref … En fouinant sur Internet, je trouve l’association PMAnonyme, que je décide de contacter. J’ai eu la chance de tomber sur Blandine, membre active de l’association également née par don. C’est étrange mais en même temps agréable de se sentir compris et écouté lorsqu’on évoque un sujet en commun parfois difficile à vivre ! 

En 2018, j’ai 26 ans et sur les conseils d’une camarade de l’association, je me lance dans des tests ADN, sans conviction, me disant que qui ne tente rien n’a rien.

Premier résultat et première découverte sur moi : je suis d’origine lituanienne à 51% ! Les 49% restants composant mon ADN correspondent aux origines maternelles que je connais, à savoir majoritairement Europe centrale.

Quentin origines géographiques

Puis, de semaine en semaine, je reçois des mails de MyHeritage me proposant des correspondances de moins de 1% avec différentes personnes qui seraient d’arrière-arrière-cousin(e), autant dire rien intéressant.

Je continue de vivre ma vie en oubliant même ces histoires de tests lorsque, le 17 juin 2020, en consultant mes mails, je remarque un nouveau mail de MyHeritage, et là … énorme surprise, j’ai une correspondance de 22,5% avec un jeune homme de 25 ans avec qui la relation estimée est « demi-frère » ! Je relis à plusieurs reprises ce mail afin d’être sûr que je ne rêve pas ! Non, c’est bien le cas, je viens de trouver un demi-frère !
En tapant son nom sur Google, je retrouve sans difficulté sa trace via Facebook et en consultant son profil, je comprends qu’il est lituanien … et donc très probablement le fils de mon donneur !
Sur les conseils d’une camarade, je le contacte.


Je vais vous passer les nombreux échanges de messages et d’appels mais je venais de retrouver la famille de mon donneur et mon donneur lui-même !
Je découvre ce même jour que j’ai 6 demi-frères et -sœurs, des photos ainsi que l’identité de mon donneur. C’est une famille très ouverte, qui n’était pas au courant des dons de leur père jusqu’à ce jour. Néanmoins, ils ont très bien accueilli la nouvelle.
Ils vivent en Lituanie, parlent français mais une de mes demi-sœurs vit a Paris. Il s’avère que l’on était presque voisins … incroyable !


Sur l’initiative et demande de mon donneur, on s’appelle en visio, pendant 1h30 ! C’était émouvant, je sentais qu’il était également content de me voir car je suis, qu’on le veuille ou non, son fils de sang. On se raconte nos vies, j’en apprends beaucoup sur lui, sa famille, les raisons de ses dons, etc.
Ils habitent à Vilnius et je suis convié à venir visiter la Lituanie, cela se fera petit à petit dans les semaines/mois à venir !

Puis, quelques jours plus tard, vient la première rencontre physique pour moi avec ma demi-sœur à Paris. C’était assez troublant car en se comparant physiquement et sur des traits de caractère, on s’est trouvé beaucoup de ressemblances … J’étais tellement différent de ma mère sur certains points et je ne comprenais pas car j’ai toujours cru que notre caractère venait de notre éducation.
Mais finalement j’ai appris que le caractère provenait aussi des gènes. En l’écoutant parler de son père donc de mon donneur, j’avais l’impression qu’elle me décrivait sans même me connaître.

Assez incroyable, tout s’est bien passé, les relations se nouent petit à petit sans brusquer les choses, on est tous très ouverts et curieux de se découvrir !
Encore plein de belles choses sont à venir même si on gardera évidemment nos vies et nos familles respectives !

Voilà, je souhaitais en faire part pour que cela puisse éventuellement donner un exemple où rassurer certains enfants nés comme nous. Il faut toujours garder espoirs et les tests ADN nous ont donnés cette possibilité. Même à moi qui pensait être un cas à part car pas né d’un Cecos.

Photo Quentin
Aujourd’hui je sais

Aujourd’hui je sais

Je m’appelle Marjorie et j’ai 33 ans. Petite, je posais énormément de question sur mon père car j’en n’en avais pas.
Ma mère était avec une personne stérile, ils ont entamé un long parcours de PMA. À 32 ans, elle quitte le Cecos pour aller voir le meilleur des gynécologues en PMA de l’époque sur les conseils de sa sœur infirmière. Ce dernier insémine à son cabinet avec du sperme frais, il a d’excellents résultats. En effet, elle tombe enceinte à la 1ère insémination mais son compagnon l’a quittée entre-temps. À l’époque, ma mère questionne ce gynécologue sur les donneurs, ce dernier lui dit que ce sont des étudiants en médecine, il faut les rémunérer. Pourquoi ne pas croire ce médecin, très sûr de lui, qui drague ses patientes mais qui est reconnu par les plus grands… Et puis comment imaginer… Et il y a toutes ces années de galère, enfin un ventre rond…
Ma mère a donc fait une enfant toute seule. Mes questions aux membres de ma famille sur ce père présumé parti devenaient de plus en plus nombreuses, ma mère m’a finalement tout révélé à 12 ans.
J’ai souvenir d’un grand vide : j’avais cette quête, ce père que je finirais par rencontrer et là plus rien, on m’enlevait mon droit à connaître…
Un donneur, anonyme, on m’interdisait de savoir, on m’enlevait une part de moi.

Je comprends aujourd’hui tous les choix de ma mère, j’ai été choyée, aimée par une grande famille, adoptée, mes enfants prononcent aujourd’hui le mot papi et si nous avons mis beaucoup de temps à en parler avec ma mère c’est simplement parce que je ne supportais pas de sentir sa culpabilité qui pesait sur nos échanges.

Il y a 8 mois je tombe sur un reportage où un homme conçu par insémination artificielle avec donneur (IAD) raconte avoir retrouvé son donneur, j’avais mis tout ça de côté depuis des années et j’entends soudain qu’une quête que je pensais vaine peut aboutir, tout devient possible. J’écris timidement sur le Facebook de PMAnonyme, je me retrouve vite à échanger avec plein de personnes ayant eu les mêmes questionnements et qui partagent le même besoin de savoir. Ce bien fou que cela fait de parler à des gens qui comprennent, qui ne jugent pas. Je décide assez rapidement de faire un test ADN, soutenue par les membres de l’asso. Ils connaissent le docteur qui a suivi ma mère, tristement connu pour ses déboires juridiques, condamné pour abus sexuels sur ses patientes. On me parle de ses origines, ces mêmes origines qui se sont affichées en gros sur mon smartphone lorsque les résultats du test sont tombés, un soir où j’étais seule avec ma mère. Le destin joue parfois avec nos nerfs. Le gynécologue est bien le donneur, il a utilisé ses propres gamètes et a trompé sa patiente.
Une seconde fois un vide s’installe…

Aujourd’hui je suis heureuse de connaître la vérité même si je rêvais d’en trouver une autre. J’ai et je suis encore soutenue par les membres de PMAnonyme, un grand merci à eux. J’ai pu échanger avec certains membres de la famille de mon géniteur et je suis rassurée sur bien des points. J’ai pu crier à tous mes origines, avoir des réponses, mettre un visage, une silhouette sur des feuilles blanches.

Aujourd’hui je sais enfin.

photo témoignage Marjorie

Je me suis réapproprié mon identité grâce à la généalogie génétique

Juin 2018. J’enseigne le français aux enfants d’une famille russe. Leur mère me donne un livre qui s’intitule « je vais avoir un petit frère » et me demande en souriant d’expliquer comment on fait des bébés à sa fille de 4 ans. Elle s’en va et je reste seule avec la petite. En tournant les pages, je dis que pour faire un bébé, le papa et la maman doivent se faire un gros câlin. Au moment où je prononce ces mots, je ne peux m’empêcher de penser au fait que j’échappe à cette règle : je ne suis pas née des câlins que se sont faits mes parents, mais d’un don de sperme.

Pendant deux décennies, j’ai pensé savoir qui j’étais, d’où je venais. On se cherche toute sa vie. On cherche à savoir qui l’on veut devenir, comment on va y arriver, quel est le sens de sa vie. Mais on ne se pose en général pas plus de questions que cela sur ce qui constitue le socle de son identité. On connaît ses racines, la base est là, posée. Et c’est dessus qu’on se construit. Moi, je me suis construite sur une identité de base que je pensais solide, complète, vraie, mienne. Une vérité que je croyais aussi inébranlable que « la terre est ronde » ou « l’eau est vitale ».

Février 2010. Je viens d’avoir 21 ans et je vis encore chez mes parents. Un matin, à peine arrivée à l’entrée de la cuisine où je veux prendre mon petit-déjeuner avant d’aller en cours, ma mère, en instance de divorce avec mon père, m’annonce qu’elle doit me « dire quelque chose ». À son regard et à celui de ma sœur, clairement déjà au courant, je comprends que c’est plutôt important. Nous sommes toutes les trois debout, de part et d’autre de la cuisine. Personne ne m’invite à m’asseoir alors qu’on s’apprête en quelques secondes à démolir les soubassements de ce qui a été mon identité 21 ans durant. C’est ce jour-là que le concept de don de sperme fait irruption dans ma vie. Ce n’est pas la première fois que j’en entends parler. Le sujet est souvent mentionné dans les séries américaines que je regarde depuis mon enfance : Joey dans Friends et Kelso dans That’s 70 Show donnent leur sperme pour arrondir leurs fins de mois. Mais c’est la première fois que je l’envisage autrement qu’un ressort comique de séries télé. Et ça n’est plus drôle du tout. Ça fait partie de ma vie, de moi. C’est ce qui m’a permis d’exister. Soudain, c’est lugubre. Sale. Non seulement, je deviens quelqu’un d’autre, à qui on a caché la véritable identité pendant plus de 20 ans, mais je deviens également une sorte d’alien, une espèce d’humain artificiel, créée contre les lois de la nature. Après cette annonce dévastatrice, je monte dans ma chambre et je me regarde dans le miroir. Pendant quelques secondes, je crois perdre les pédales : je ne me reconnais pas. J’ai toujours vu dans mes traits ceux de mon père, et dans mes yeux bleus, les siens. Qui suis-je ?

Janvier 2018. Ma sœur m’envoie un article. Un homme né d’un don de sperme a découvert l’identité de son géniteur grâce à des tests ADN. Il est le seul en France à ce moment-là, mais je ne sais pas pourquoi, je me dis, pleine d’espoir : « c’est bon, je saurai un jour ». Il me faut un an pour franchir le pas et faire les tests.

Février 2019. Le jour où je reçois les résultats, je me connecte fébrilement, espérant avoir une réponse immédiate : peut-être qu’un parent proche du donneur a effectué un test ADN ?
Je suis déçue de constater que ce n’est pas le cas, et que ma plus grosse correspondance génétique est un cousin lointain. En revanche, première révélation : d’après les origines ethniques que m’attribue le site, le donneur est juif. Moi qui pensais n’obtenir que des réponses avec les résultats ADN, voilà que je suis confrontée à de nouvelles interrogations : qu’est-ce que ça veut dire « être à moitié juive » ? Qu’est-ce qui définit un Juif ? A quel point est-ce que cela fait partie de mon identité puisqu’il ne s’agit « que » de mes gènes ?

Je contacte PMAnonyme. Parler avec ses membres est mille fois plus salvateur que des séances chez le psy. Je découvre des gens normaux, loin de l’idée d’alien que je m’étais faite, et qui n’ont pas peur de clamer haut et fort dans les médias qu’ils sont nés d’une insémination artificielle avec donneur.
En plus de ce soutien psychologique inespéré, je reçois d’excellents conseils pour ma recherche généalogique et l’on m’apprend que mes résultats sont transférables sur d’autres bases de données.

Je contacte mes deux matchs les plus proches sur ces sites. Le premier est une cousine grecque qui ne peut pas m’aider mais me comprend, ayant découvert qu’elle est née d’un adultère. Le deuxième est un cousin américain qui écrit des livres sur la paternité, et que je rencontre l’été suivant à San Francisco avec toute sa famille. Puis une rencontre décisive avec un cousin lointain français à Paris me donne LA clé : l’arbre généalogique complet des descendants d’un couple d’arrière-arrière-grands-parents biologiques que j’ai identifiés grâce aux sites ADN.

Une fois chez moi, après cette rencontre, j’analyse ce précieux document. Les noms de deux hommes correspondent aux origines ethniques que je me suis découvertes. Ironiquement, l’un d’eux, plutôt renommé, s’est déjà prononcé, dans le cadre de ses fonctions, en faveur du droit d’accès aux origines pour les personnes issues de dons de gamètes, et j’ai souvent entendu sa voix à la radio… Puisque je suis née d’un don de sperme « frais » en cabinet gynécologique privé, il est plus probable que mon donneur ait été médecin. Je tape donc le deuxième nom dans Google, et je constate qu’il s’agit d’un gynécologue… l’étau se resserre.

Septembre 2019. J’ai rendez-vous avec ce gynécologue. J’attends dans la salle d’attente, face à son cabinet, exprès pour le voir. À un moment, la secrétaire entrouvre la porte. Je n’aperçois que sa main droite sur la souris de l’ordinateur et l’idée que c’est sûrement la main qui a activement participé à ma création me traverse l’esprit…
Une fois face à lui, je suis dans un état tellement second que je ne comprends pas tout ce qu’il me dit et ne réagis pas à ses blagues. Si c’est bien mon donneur, la ressemblance n’est pas flagrante, mais je crois reconnaître des similarités avec ma sœur et moi dans sa façon de se mouvoir. À la question classique sur les antécédents familiaux, je saisis la perche qu’il me tend et explique la raison véritable de ma venue. Tout se déroule exactement comme je l’avais toujours espéré : il avoue sans problème avoir donné son sperme et accueille ma démarche avec enthousiasme. Triste ironie du sort : il n’a jamais eu d’enfants et a fait son don au moment où les FIV réalisées avec sa compagne échouaient les unes après les autres. « Et dire que, quand vous êtes entrée dans le cabinet, j’ai failli faire une blague sur votre nom de famille. » me dit-il. Eh oui, mon nom de famille désigne une certaine catégorie de médecins…

Nouveau clin d’œil du destin, le lendemain de cette rencontre, j’écoute une chanson du groupe Bon entendeur que j’ai entendue tout l’été. Par pur hasard, j’écoute pour la première fois la version originale de la chanson « Le temps est bon ». Au point culminant qui n’a pas été gardé dans le remix, la chanteuse dit « Je ne savais plus voir, je ne savais plus entendre, je ne savais plus. Voici que je regarde, que j’écoute et je sais qui je suis, je sais qui je suis. »

J’ai rencontré la mère de mon donneur qui nous a également accueillies, ma sœur et moi, les bras ouverts. Elle a accepté de faire un test ADN, qui a confirmé qu’elle était notre grand-mère biologique et donc, son fils notre géniteur. Nous avons eu la chance de tomber sur des gens qui ont compris que ce que nous recherchions, c’était une part d’humanité. Une part d’humanité qu’on nous a niée : la possibilité d’en savoir plus sur ses origines génétiques, de choisir les composantes de son identité, biologiques ou non, de se sentir un humain comme les autres, et non un citoyen de seconde zone, qui devrait s’estimer heureux d’avoir vu le jour malgré la stérilité de l’un de ses parents. Et récupérer cette part d’humanité n’a en rien changé ma relation avec mon père, le vrai, celui avec lequel je ne partage aucun lien « de sang ».

Nous sommes beaucoup de personnes nées d’IAD à comparer nos situations à des puzzles. Il me manquait des pièces, maintenant je les ai toutes et je n’ai plus qu’à les assembler. J’ai l’impression d’être enfin à égalité avec les autres, ceux qui sont nés d’« un gros câlin », et de ne plus être lésée par un système défectueux, dont les instigateurs comparent grossièrement nos situations organisées par leurs soins aux aléas de la vie tels que les adultères. Je n’ai plus l’impression d’être dépossédée de mon identité. Je me la suis réappropriée, et ce, en dépit des lois en vigueur. Et je peux enfin dire que je sais qui je suis.

D., 36 ans : un test ADN ?! Oui, je l’ai fait.

J’avais environ vingt ans quand je l’ai su : moi, oui moi, je ne venais pas uniquement de mon père, mais aussi d’un autre homme, qui a aidé mon père. Il faut beaucoup de mots, de phrases et de temps pour décrire ma peine et ma perte après cette nouvelle. Il a fallu beaucoup de temps et d’évènements aussi pour réussir à admettre et continuer, puis me reconstruire ensuite.

J’étais perdue, détruite, mais surtout en rage : cet anonymat écrasant, cette loi méprisante, ces mœurs fébriles, les idées préconçues de tous ceux qui n’ont aucune idée réelle de ce que c’est, en vrai, d’être à ma place, qui n’ont jamais recueilli de témoignage des premiers concernés, c’est-à-dire ceux qui en sont nés, mais qui se permettent de parler à tout va. La toute puissance des médecins et des responsables politiques, la honte palpable, la crainte de blesser mes parents et ma colère envers eux aussi, je ne savais pas comment ni quoi faire de tout ça.

Et qui étais-je, en fait ?!

J’ai tenté de consulter un psychologue mais n’y ai trouvé aucun soulagement, c’est un domaine trop particulier et trop méconnu encore, pour le moment, rares sont ceux qui peuvent écouter et comprendre ce genre de parcours.

Les années ont passé, mes diverses tentatives d’auto-sauvetage restaient vaines, jusqu’à ce que je tombe sur une émission télévisée présentant l’association PMAnonyme. Il y avait d’autres personnes, comme moi, qui vivaient le même tourment intérieur, ô joie, douce première joie, je les ai rejoints pour partager et purger tous mes émois…

Chemin faisant, j’ai appris qu’il était possible de faire un test génétique, comme ça : on va sur Internet, on commande, on reçoit un kit, on crache dedans, on referme le tube et la boîte et hop, direction la poste pour apprendre environ 2 mois après quelques informations sur nous-mêmes, ou même découvrir un.e demi-frère.soeur ou même pourquoi pas, l’identité de mon ascendant paternel. Oui bon, ça, c’est dans les films, mais bon, si je suis logique : je veux chercher et aucune méthode légale ne me le permet, alors pourquoi pas, même si j’ai l’impression d’aller un peu trop loin dans le fantasme et de flirter avec la limite entre film et réalité… Eh bien bingo : une demi-sœur, on a trois mois d’écart et elle habite à côté de chez moi, quel choc de se reconnaître dans quelqu’un !!!!!!!!!

Une année passe et un samedi matin, nous voyons apparaître un « match » en commun, côté donneur donc, un très beau match : d’après le site, nous avons sûrement un couple d’arrière-grands-parents en commun, nous sommes proches de nos véritables origines. Après des jours de recherches, nous sommes parvenues à l’identifier, nous avons tenté plusieurs approches et avons réussi à le contacter.

Je ne trouve toujours pas les mots pour décrire cette tension intérieure, cette joie immense, cette crainte immense, cette détresse, cette honte et tout le self-control qu’on peut tenter de fournir parce que la vie continue, parce que rien n’est encore sûr et parce qu’il est possible de devoir essuyer encore un imprévu dévastateur, c’est hors du temps, on flotte au-dessus de tout et de tout le monde.

Nous avons reçu un message, puis le lendemain, il nous a appelées. Il était heureux ! Entrer son identité dans mon répertoire a été un moment de ma vie particulièrement délicieux, une véritable euphorie ! Il a voulu venir nous rencontrer dès que possible et nous nous sommes vus tous les trois deux semaines après.

A son tour il a souhaité réaliser un test génétique, comme pour profiter encore de cette bonne nouvelle, ce qu’il a fait le lendemain de notre rencontre car il m’en avait fait la demande par téléphone et je lui ai apporté le kit le jour de notre rencontre. Ma demi-sœur et moi partageons avec lui le même pourcentage d’ADN en commun : 49.3%, aucun doute, comme quoi, pour moins de cent euros, on peut changer notre vie.

Depuis, tout est comme avant et rien n’est comme avant, chacun respecte sa place, chacun respecte les autres, chacun vit sa vie en sachant qui sont les autres, et qu’ils sont là.

 

Le 4 décembre 2019, j’ai mes réponses… sept demi-sœurs biologiques

Le 4 décembre 2019, j’ai mes réponses… sept demi-sœurs biologiques

Je suis née d’une procréation médicalement assistée le 2 octobre 1980 à Toulouse et ce mercredi 4 décembre, je reçois ce message sur le site My heritage.

Bonjour Léa,

Je me permets de te contacter car d’après le site Myheritage, nous sommes demi-sœurs biologiques. Je sais que cette nouvelle va probablement bouleverser ta vie et je m’en excuse par avance. Tu es également la demi-sœur biologique de Clara (ma sœur), d’Aurélia Vidal, d’Axellet et d’Anna, Lara et  Carole. 

Nous avons toutes les sept comme point commun d’avoir été conçues par don de sperme dans un cabinet  de gynécologie à Toulouse car nos pères ont découvert qu’ils étaient stériles et c’était le seul moyen pour eux d’avoir un enfant. Nous sommes réparties sur quatre familles différentes à ce jour. 

Je l’ai appris tardivement à mes 22 ans, Aurélia à ses  25 ans, Axelle ses 15ans et Anna, Lara et Carole le savent depuis toujours. Au final, cette révélation n’a pas changé les liens que je possède avec ma famille paternelle. Mais, voulant en savoir plus sur mes origines, j’ai réalisé ce test ADN.

 Il y a donc plusieurs possibilités qui peuvent expliquer notre relation.Tu peux  être notamment la fille de notre donneur (surtout si tu as des origines d’Italie du sud) ou être née du même donneur que moi. Si tu es la fille de mon donneur, sache que je cherche uniquement à savoir d’où je viens. Je suis en quête de mes origines et non d’un père.

Je suis très émue de cette découverte et je serais évidemment enchantée de faire ta connaissance si tu le souhaites également. Je te remercie vivement par avance pour ta réponse et m’excuse encore d’avoir à t’apprendre cela de cette façon si c’est le cas.

 Barbara.

Nous sommes le mercredi 4 décembre 2019.
Il est 8h45, ma vie, à 39 ans, vient de basculer par une simple ouverture de boîte mail.
J’ai sept demi-sœurs biologiques.
Je viens de recevoir un message de Barbara quelques minutes seulement après avoir vu défiler le profil de sept magnifiques jeunes femmes toutes aussi brunes que moi.
Nous partageons une trentaine de segments en moyenne.
C’est ce que confirme le site web de généalogie en ligne auprès duquel j’ai fait parvenir, moins d’un mois avant, un échantillon de mon ADN  récolté par prélèvement de salive.

Qui suis-je ? D’où je viens ? Qui est mon père biologique ? Quelles sont mes origines ?
Des questions dont les réponses sont essentielles dans une vie pour grandir, se construire.
Ces questions je me les pose depuis l’âge de 13 ans, époque à laquelle j’ai appris que mon papa n’était pas mon papa.
Mes parents sont sur le point de se séparer.
Lors d’une énième scène de violences conjugales, ce soir d’août 1993, mon papa m’apprend qu’il n’est pas mon papa.
Je n’ai pas encore 13 ans, je ne comprends pas ce qu’il m’arrive….
Un véritable séisme….qui fera que je sors de l’enfance…ce fameux soir d’août 1993.
Les années vont passer, je vais grandir, évoluer…
Animée par le désir de lutter contre les injustices, je vais débuter des études de droit en 1998.
Mon parcours m’amènera étonnamment à m’investir professionnellement dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants.
J’ai grandi, j’ai réussi ma vie mais je ne suis pas complète.
Il manque un morceau de ma vie.
Je vis avec ce manque de ne pas savoir d’où je viens.

Le dimanche 3 novembre 2019, 21h15, je découvre le témoignage de Nelly, née d’une PMA réalisée dans un cabinet de gynécologie privée.
Le témoignage de Nelly me bouleverse.
Le témoignage de Nelly, c’est le mien.
Je décide, enfin, de tenter de trouver une réponse à mes questions.
Je décide de me lancer dans cette opération de recherche génétique. 
Le vendredi 8 novembre 2019, jour des six ans de mon second fils, les deux petites pipettes porteuses de mon précieux ADN partent vers mes réponses, je l’espère de tout cœur à ce moment là…..

Le 4 décembre 2019, j’ai mes réponses…..sept demies-sœurs biologiques.
J’apprends à les connaître.
Elles sont une part de mon histoire.
Je me retrouve en elle et je leur dis MERCI.

Richard et Akram, au détour d’un test…

Je suis Richard… né en 1969.

Tout débute en mars 2019 quand des amis, à l’issue d’un test ADN récréatif réalisé via le site internet MyHeritage.com, nous révèlent leurs origines géographiques. Trouvant cette démarche intéressante, ma femme et moi décidons d’y recourir par curiosité.

Fin juin 2019, c’est dans un climat festif et familial que nous présentons pour mes 50 ans le document vidéo montrant nos origines géographiques à notre famille et nos amis.

Il est important de préciser que le second volet de ces tests ADN, qui permet d’établir des liens de parenté avec d’autres personnes inscrites sur le site internet en question, ne nous avait pas vraiment été exposé ou du moins nous l’avions certainement occulté…

C’est avec étonnement que la semaine suivante mon épouse reçut plusieurs mails indiquant des « matchs » avec différentes personnes. Un match en particulier retint son attention car la correspondance indiquait un taux important d’ADN commun avec mon test.

Étant absent toute la semaine, ce n’est que le vendredi suivant que ma femme m’informa de cette étonnante nouvelle.

Elle m’expliqua tout d’abord que le test récréatif que nous avions réalisé permettait d’être mis en relation avec des parents éloignés ayant en commun une correspondance ADN.

Dans son cas, de lointains cousins partageaient moins de 1% de son patrimoine génétique. Avant d’évoquer les mails me concernant, elle me demanda si je me rappelais du don de sperme qu’avait fait mon père il y a une quarantaine d’années. Je m’en souvenais. Nous savions tous les deux quand celui-ci avait eu lieu et dans quel contexte il avait été réalisé. Il n’y a jamais eu de secret à ce sujet.

Comprenant le rapport évident entre le don de mon père et ce test récréatif, je retins mon souffle, suspendu aux paroles de mon épouse…

D’un ton serein et apaisé, elle me révéla que mon test « matchait » avec plusieurs personnes à un faible taux ET avec UNE personne en particulier à hauteur de 26 %.

Ma femme venait de m’apprendre en quelques secondes l’existence d’un potentiel « demi-frère ».

L’émotion et la surprise laissèrent la place au doute. Était-ce une blague ? Quelle fiabilité pouvait-on accorder à ces tests ?

Depuis 42 ans, j’avais une unique sœur, et là on venait de m’informer par mail que j’avais également … « un demi-frère ».

Les images se mélangèrent dans ma tête. Je découvris alors le mail que cet inconnu avait écrit dans la semaine et qui avait été réceptionné et secrètement conservé par mon épouse.

La personne issue du don de mon père s’appelait Akram et recherchait depuis un an la moitié cachée de ses origines.

Le lendemain matin, j’appris à ma sœur la nouvelle, qu’elle accueillit avec surprise et émerveillement.

Très vite, la question fut de savoir comment nous allions annoncer à mon père que son don « anonyme » dans les années 70 ne l’était plus… Nous pensions qu’il était préférable que je rencontre Akram avant de pouvoir lui en parler.

Notre premier contact eut lieu le 9 juillet 2019 par téléphone. Je me revois encore composer le numéro, stressé, puis attendre fébrilement qu’Akram décroche…

Un peu timides, hésitants, nous ne savions pas trop comment engager la conversation. Finalement, chacun se laissant mutuellement le temps de s’exprimer, nous échangeâmes durant près de deux heures. Deux jours plus tard, nous fîmes physiquement connaissance.

C’est ainsi qu’un soir d’été en bord de Seine, je retrouvai un demi-frère dont l’existence m’était encore inconnue une semaine auparavant. Premier contact émouvant et très intense, première rencontre insolite, incroyable et chargée d’émotion. À plusieurs reprises, je me demandai si tout était réel. Nous passâmes près de quatre heures à nous ouvrir l’un à l’autre. Maintenant que j’en savais davantage sur Akram, ma sœur et moi pouvions envisager d’en parler à notre père.

C’est donc le samedi 20 juillet 2019 que ma sœur et moi annonçâmes à nos parents notre découverte !

Étonné, mais pas complètement surpris, notre père écouta ce récit avec attention. Ma mère resta sans voix et demanda quelques explications complémentaires. Tous les deux acceptèrent et comprirent avec beaucoup d’évidence la démarche d’Akram pour retrouver son donneur. Suite aux deux dons effectués par mon père dans les années 70, mes parents avaient conscience que quelque part, des couples avaient pu donner la vie, mais à aucun moment ils n’avaient envisagé un jour que cette vie, ces vies viendrai(en)t bousculer la leur. À cette époque, la certitude de l’anonymat était une condition qui était assurée au donneur. La démocratisation des tests ADN, le développement d’Internet ont totalement modifié ce postulat. Si cela semble aujourd’hui une évidence, rien ne pouvait annoncer ce bouleversement dans les années 70.

Par ce test récréatif, j’avais exposé au grand jour l’histoire de mon père et de ce fils biologique. Ce n’était évidemment pas dans mes intentions. Me serais-je lancé dans cette aventure si j’avais pris conscience de la portée de cet acte ? J’ai donc demandé à mon père s’il ne m’en voulait pas d’avoir permis de lever l’anonymat et d’établir ce lien. Sans détour, il me répondit par la négative et me confirma qu’il ne voyait aucun obstacle à rencontrer cette personne à la recherche de la moitié de ses racines. Curieux, intéressé, mon père me posa des questions sur Akram, son histoire, sa vie, son métier.

Après cet entretien, les semaines s’écoulèrent… Mon père ne parla plus de rencontre et mit de la distance avec les reportages sur la PMA. Ma mère, au contraire, montra un intérêt grandissant.

Je m’aperçus alors qu’en voulant protéger mon père et en jouant l’entremetteur, je l’avais peut-être dépossédé de son histoire. Fin septembre, je relatai à Akram mon ressenti sur la situation et lui suggérai d’écrire directement à son père biologique afin qu’ils se réapproprient leur propre histoire. Car si j’avais été à l’origine de tout cela, je n’étais pas pour autant le principal protagoniste de cette aventure.

Peu après Noël, mon père reçut une longue lettre d’Akram. Il lui répondit. Je ne connais pas la teneur de leurs échanges, je sais simplement que désormais mon père évoque de manière plus sereine une future rencontre.

De mon côté, je rencontre Akram et sa compagne régulièrement. Nous avons profité des vacances de fin d’année pour nous voir également chez moi avec ma sœur, mon épouse et mes enfants. Durant ce week-end, nous lui avons remis une copie du livret de famille de notre père. Akram a pu ainsi découvrir le volet de son arbre « génétique » dont il avait été privé depuis plus de quarante ans.

En attendant que la grande Rencontre ait lieu entre les deux principaux acteurs de ce fabuleux destin nous poursuivons avec Akram fraternellement et avec plaisir l’écriture de notre histoire, une histoire incroyable, inimaginable, une belle histoire…

Photo paysage montagne

J’ai retrouvé une famille biologique avec un test ADN.

Je m’appelle Nelly. À 30 ans, j’ai appris que mon père n’était pas mon père biologique.

Suite à cette nouvelle, ma vie a pris un nouveau tournant : j’ai déclenché une maladie auto-immune rare et une dépression très grave.

Une fois la maladie surmontée et la dépression guérie en novembre 2018 dernier, grâce à une émission de télé, je réalise que je ne suis pas la seule à être née d’un don de sperme anonyme.

Je prends contact avec l’association PMAnonyme car je souhaite faire un test ADN mais par où commencer ?  comment l’acheter ?  combien de temps ?  combien ça coûte ? que peut-il m’apporter ?  Beaucoup de questions auxquelles l’association m’aide à répondre.

Les résultats du test tombent 2 jours après mon anniversaire, le 7 décembre 2018 et, comme cadeau pour mes 34 ans, je découvre mon père biologique grâce au test ADN. Il ne m’aura fallu qu’un mois pour le retrouver.

Nous échangeons par mail et par téléphone.

En avril 2019, enfin, je le rencontre. Je peux enfin me regarder dans un miroir : je sais d’où je viens à 100 %. 

Une chance pour moi de l’avoir retrouvé !!!

Il ne m’a pas transmis que de l’ADN : notre ressemblance physique est impressionnante, nous avons beaucoup de points en commun et un lien très fort s’est créé entre nous.

La chose la plus surprenante dans cette histoire, c’est que son père et son grand-père aussi étaient donneurs de sperme.

Je matche donc avec des tantes et oncles biologiques et des grand-tantes et oncles biologiques.

Chaque mois qui passe, notre « famille de graine » s’agrandit avec de nouveaux matchs.

Nous organisons des rencontres dans toute la France et l’Europe.

Que du bonheur pour l’avenir…

Fanny, 27 ans : J’ai retrouvé mon donneur grâce à un test ADN

Tout est allé si vite pour moi. Nous sommes en avril 2019 lorsque j’apprends mon mode de conception par ma mère sur la plage. Je suis née d’un don de sperme avec un donneur anonyme. Je ne saurai jamais qui est cette personne car la loi l’interdit.

J’ai 26 ans et cette annonce me bouleverse terriblement. Les questions sont si nombreuses dans ma tête. A travers mes recherches internet, je prends connaissance des tests ADN qu’on achète sur internet et qui nous permettent de retrouver nos origines.

Je me dirige sur le site myheritage et j’en achète un en me disant que ça pourrait peut-être m’aider à répondre à mes questions mais sans grande conviction quant aux résultats.

Nous sommes le 11 mai et je réalise mon test ADN que j’envoie 2 jours plus tard par voie postale.

Le 21 juin, j’ai mes résultats, soit moins de 2 mois après avoir appris mon mode de conception.

J’ai une correspondance ADN avec un homme d’une cinquantaine d’années qui selon le site serait mon oncle.

Le contact est donc pris avec cet homme. A t’il des frères ? Est-il au courant d’un possible don de sperme dans sa fratrie ?

Il me répond rapidement, effectivement il a deux frères et après avoir pris contact avec ceux-ci, l’un d’eux a donné son sperme dans les années 90.

C’est lui, mon donneur, il aura été si simple de le retrouver. Quelques jours plus tard seulement, je reçois un mail de mon donneur, puis un autre. Il me raconte son parcours, ce qu’il aime dans la vie, pourquoi il a donné et bien sûr, le choc de cette découverte.

Nous avons échangé plusieurs fois par mail et nous devrions nous rencontrer dans les mois à venir.

Apprendre à connaître cette personne est une chance et toutes les personnes nées d’un don devraient également en avoir la possibilité.

Ces premiers échanges me confortent dans mon idée : on ne transmet pas juste des caractères physiques lorsqu’on transmet son ADN, il y a tellement plus en commun.

Aujourd’hui je me sens beaucoup mieux, le choc de la nouvelle est passé et j’aborde sereinement cette nouvelle relation qui va se construire sans savoir encore où cela va nous mener.