ex–DONNEURS : lettre envoyée à tous les députés

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Ton père, c’est ton père…
Les donneurs de l’association PMA – 30 janvier 2011

Lui et ta mère ont demandé de l’aide pour avoir le plaisir de te donner la vie…
Et ça a marché, puisque tu es là, et moi, je suis bien content d’avoir pu les aider. J’étais même assez fier d’avoir fait preuve de générosité. J’ai été volontaire pour donner de mes gamètes, je savais que je resterais pour toujours un inconnu pour les parents et les enfants à naître…. Mais je n’avais pas bien compris qu’en donnant de mon hérédité, je devenais un maillon dans l’histoire de personnes que je ne devais jamais connaître.
Et personne ne m’en a averti ! On aurait du me dire qu’un jour ou l’autre tu te poserais des questions et qu’on refuserait obstinément de te répondre ! Si c’était à refaire, je pense que je ne le referai pas dans ces mêmes conditions.Quand je leur ai donné de mon sperme, tes parents, de leur côté, et moi du mien, nous pensions surtout au bébé… Mais tu n’es plus un bébé, tu as grandi, et tes parents t’on expliqué ce miracle qui a permis ta naissance. Ils ont peut–être attendu trop longtemps pour te le dire, il ne faut pas leur en vouloir, ils ont cru bien faire en gardant ce secret ! J’ai appris que des hommes et des femmes comme toi n’étaient pas très contents d’apprendre que leurs parents n’avaient pas pu les avoir autrement, et même que certains en étaient tristes et malheureux et que, du coup, ils voudraient bien en savoir un peu plus ! Qui est l’homme qui… ? C’est peut–être moi, mais il ne faut pas le dire : c’est défendu ! Parce qu’on pourrait penser que je me prends pour ton père ? C’est idiot ! Je n’en ai pas du tout envie ! Ton père, c’est ton père, celui à qui tu as toujours dit « papa » !
C’est donc défendu de savoir, et c’est bien dommage. J’imagine que tu voudrais simplement me dire merci, peut être voir ma photo, ou celles de mes enfants à moi, si ça se trouve vous vous ressemblez un peu ! Moi, de mon côté, j’aimerais bien savoir si ceux et celles qui sont nés avec une partie de mon « héritage génétique » vont bien, sont heureux de vivre… Comme un ami de la famille qui prend juste des nouvelles… Mes enfants aussi pensent de temps en temps à ces personnes, qui ne sont pas de la famille mais qui ont quelque chose de commun avec nous…

Pourquoi faut–il qu’ils restent dans une espèce de cachette secrète ? La loi française a fait de moi un fantôme, coincé dans un placard que l’enfant ne peut ouvrir. Au contact des jeunes adultes de l’association PMA, moi aussi j’ai grandi : je refuse ce silence arbitraire aujourd’hui. Une loi qui empêche les gens, qui en ont envie, de se connaître, de se parler, n’est pas une bonne loi ! Alors, il faut la changer. Je ne tiens pas forcement à te rencontrer. Mais si tu en éprouves le besoin, je suis là. Je suis ton donneur d’hérédité. Ni plus, ni moins. Ton père, c’est ton père.