IAD, FIV, nés sous X… Quelques explications…

Il ne faut pas confondre les naissances par Procréation Médicalement Assistée (I) avec les naissances sous X qui sont des grossesses intervenues naturellement, même si toutes ces personnes ont en commun, à des degrés divers, une privation d’accès à leurs origines pour les enfants qui en sont issus (II). Les personnes concernées par l’adoption ou les naissances sous X soutiennent d’ailleurs notre combat (III).

Décryptage:

I. Les naissances par Procréation Médicalement Assistée (PMA)

Il existe deux grands types de Procréation Médicalement Assistée (PMA), également dénommée Assistance Médicale à la Procréation (AMP):

 1/ Les PMA intraconjugales c’est-à-dire avec les gamètes des deux membres du couple.

Il peut s’agir d’une IAC: Insémination Artificielle avec sperme du Conjoint . Dans ce cas, le sperme de l’homme du couple est directement déposé dans l’utérus de la femme. C’est une fécondation dite « in vivo » : l’embryon se forme dans le corps de la femme.

Il peut aussi s’agir d’une FIV-C : Fécondation In Vitro avec sperme du Conjoint. Dans ce cas, le sperme et l’ovocyte de la femme sont mis en contact au laboratoire pour former des embryons « in vitro », dont certains seront ensuite transférés dans l’utérus de la femme.

Il existe un mode particulier de FIV qui s’appelle la FIV-ICSI : Fécondation In Vitro – « IntraCytoplasmic Sperm Injection ». Elle consiste à introduire « in vitro » un spermatozoïde sélectionné, directement dans l’ovocyte, afin de former des embryons « in vitro », dont certains seront ensuite transférés dans l’utérus de la femme. La FIV-ICSI est généralement utilisée lorsque l’homme est hypofertile, c’est à dire qu’il existe une anomalie importante du sperme au niveau de la numération et/ou de la mobilité.

L’enfant issu d’une PMA intraconjugale sera biologiquement issu de ses deux parents.

2/Les PMA avec don de personne(s) extérieures au couple

Il peut s’agir d’une PMA avec donneur de sperme (si l’homme du couple est stérile).

Elle peut prendre la forme :

– soit d’une IAD: Insémination Artificielle avec sperme de Donneur. Le sperme du donneur est directement déposé dans  l’utérus. C’est une fécondation dite « in vivo » :  l’embryon se forme dans le corps de la femme.

– soit d’une FIV-D : Fécondation In Vitro avec sperme de Donneur. L’ovocyte de la femme du couple est mis en contact in vitro avec le sperme d’une donneur extérieur au couple, puis certains embryons, crées in vitro, sont transférés dans l’utérus de la femme.DO

L’enfant issu d’une PMA avec don de sperme ne sera pas biologiquement issu de son père.

Il peut aussi s’agir d’une PMA avec donneuse d’ovocytes (lorsque la femme du couple est stérile). Dans ce cas, il s’agit obligatoirement d’une Fécondation In Vitro: l’ovocyte issu de la donneuse extérieure au couple est mis en contact in vitro avec le sperme de l’homme du couple, puis certains embryons crées seront transférés dans l’utérus de la femme stérile.

L’enfant issu d’une PMA avec don d’ovocytes ne sera pas biologiquement issu de sa mère.

 

Il peut enfin s’agir d’une PMA avec donneurs d’embryon : un couple qui a eu recours à une FIV  (soit intraconjugale, soit avec le recours à un don de sperme ou d’ovocyte) peut choisir de donner les embryons qui leur restent (embryons surnuméraires qui n’ont pas été transférés dans l’utérus de la femme et ont été congelés) à un autre couple. La femme du couple stérile qui a recours à  un don d’embryon, reçoit donc dans son utérus un embryon qui a été crée in vitro initialement pour un autre couple.

L’enfant issu d’une PMA avec don d’embryon n’est biologiquement issu d’aucun de ses parents.


II. Différences et points communs entre les naissances sous X et les naissances par PMA avec donneur(se) en matière d’accès aux origines.

                                            ACCÈS AUX ORIGINES

Personnes nées d’un donneur anonyme (70 000)

Personnes nées sous X (400 000)

Différences Grossesse avec l’aide de la médecine et d’un tiers extérieur au couple (donneur de sperme, donneuse d’ovocytes ou donneurs d’embryon) Grossesse par voie naturelle
Grossesse très désirée Grossesse non désirée
Aucun projet parental de la part du donneur de gamètes ou d’embryons Abandon à la naissance par leurs parents biologiques
Circuit administratif : CECOS (fonction publique hospitalière). Circuit administratif : ASE, Conseils Généraux…
Point commun

Méconnaissance de tout ou partie de leurs origines biologiques

Ne connaissent pas, soit leur géniteur (donneur de sperme), soit leur génitrice (donneuse d’ovocytes), soit leur géniteur et leur génitrice (couple donneur d’embryon). Ne connaissent ni leur génitrice, ni leur géniteur.
Leurs droits    Aucun :

–  ni informations non identifiantes,

–   ni identité du donneur

Risque certain de condamnation par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour défaut de prise en compte de l’intérêt de la personne née d’un donneur anonyme et négation du droit qu’a tout individu de connaître l’identité de ses géniteurs (source : rapporteur public Conseil d’Etat, RFDA p1051).

–   Droit d’accéder à des informations non identifiantes sur leur géniteur et leur génitrice (généralisé depuis 1996 loi Mattei).

–   Droit d’accéder à l’identité de leur génitrice si celle-ci, une fois contactée, y consent (depuis 2002, loi qui a crée le CNAOP).

Cour Européenne des Droits de l’Homme,  Odièvre c/ France 2003: Pas de condamnation de l’Etat français car en accordant à la personne née sous X, le droit de connaître l’identité de ses géniteurs (sous réserve de son accord), celui-ci a suffisamment pris en compte son intérêt.

Leurs revendications Pour les personnes déjà nées : avoir les mêmes droits que ceux qu’ont DEJA les personnes nées sous X, c’est-à-dire :

–    Droit d’accéder aux informations non identifiantes (qui figurent dans les dossiers des CECOS) de leur géniteur (donneur de sperme), de leur génitrice (donneuse d’ovocytes), ou de leur géniteur et leur génitrice (couple donneur d’embryon)

–  Droit d’accéder à l’identité de leur géniteur (donneur de sperme), de leur génitrice (donneuse d’ovocytes), de leur géniteur et leur génitrice (couple donneur d’embryon), si celui-ci (celle-ci, ceux-ci) une fois contacté, y consent.

Pour le futur :

Droit d’accéder à l’identité de leur géniteur (donneur de sperme), de leur génitrice (donneuse d’ovocytes), de leur géniteur et leur génitrice (couple donneur d’embryon), de façon automatique,  à la demande de l’enfant,  à compter de sa majorité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour le futur :

Droit d’accéder à l’identité de leur génitrice de façon automatique (sans avoir à solliciter son accord), de façon automatique,  à la demande de l’enfant,  à compter de sa majorité.


 III. Le soutien des adoptés et nés sous X à notre combat.

Anne Halvorsen
Membre de la CADCO (coordination des actions pour le droit à la connaissance des origines)
Message de soutien inconditionnel d’une enfant née sous X aux enfants issus de l’AMP avec tiers donneurs.

Je me souviens très bien de ma révolte contre la culture du secret à la française lorsqu’a été mis en place l’anonymat du don de gamète. J’avais la certitude que l’on se fourvoyait encore davantage dans cette voie, qu’on allait encore plus loin dans l’aberration : après avoir orchestré l’anonymat de l’abandon à la naissance, on organisait maintenant celui de la naissance médicalement assistée. J’étais consternée que la société ait si peu compris la souffrance que nous vivons d’être coupés de nos racines, de ce lien transgénérationnel qui nous unit à nos parents et dont nous sommes porteurs que nous le voulions ou non. J’étais atterrée que notre société en arrive à institutionnaliser une avancée médicale réelle de façon analogue, pareillement déshumanisée avec la même dimension « bombe à retardement  » lorsque nous parvenons à l’age adulte et que nous sommes à vie confrontés à la lancinante question des origines.
Je continue à mener ce combat contre l’anonymat pour la reconnaissance des droits de l’enfant à connaître ses origines, son noyau dur, son droit inconditionnel à ce que l’ intégrité de sa personne soit reconnue, respectée, préservée par la loi, qui l’en démunit actuellement. Recevez mon soutien chaleureux dans votre lutte contre l’anonymat des AMP, j’ose dire fraternel étant donné que mon père, dont j’ignore tout, est peut–être également le vôtre…

Cécile, née sous X

Je n’ai jamais pu accepter cette première identité: « sous X » qu’est ce que ça veut dire je pensais être née « de … » et je me rends compte que je suis née « sous… » pourquoi « sous » et en plus « X » je me sens enterrée ça m’est insupportable dans mes sentis où sont mes repères! trois prénoms à la pouponnière pendant des mois ensuite adoptée je change de prénom c’est une nouvelle histoire à récréer une identité nouvelle à construire je suis perdue ne le sais pas ce sera douloureux, je sais et comme je peux l’exprime; mais je sais tout au fond de moi je suis différente, particulière. je me suis lancée pendant une année corps et âme dans des recherches particulièrement difficiles; il m’a fallut du temps pour continuer et me construire j’ai construit ma vie, suis mariée , 4 enfants, après la naissance de ma dernière fille il a fallut que je finisse cette route parce que cette petite fille me ressemble terriblement et a fait que mes sensations se sont remises à dire…si fort je l’ai retrouvée aujourd’hui…. 10 ans après mes premières démarches elle est dans son histoire qui lui appartient dans une vie qui est la sienne. il m’a fallut 10 ans pour comprendre son geste. comprendre que ce n’était que trop d’amour pour moi; un amour tel qu’elle me donnait la vie une deuxième fois en me laissant partir et me confiant, confiante j’en suis sûre, dans la vie. Elle m’a voulu heureuse n’a pas eu le choix aussi. il m’a fallut 10 ans pour dire à tout ceux qui n’entendent pas, que l’on ne peut se construire de RIEN nous sommes remplis; nous sommes pleins de vie nous sommes entiers « entière », ce n’est pas ce sentiment encore; mais enfin, je peux mettre une image, du concret du visuel et ça apaise terriblement; le « nul part » « de personne » n’existe plus; quel soulagement ! je sais d’où je viens et de quel ventre j’ai été en premier aimé parce qu’on est tous aimés, et ça j’en suis persuadée. j’avais terriblement, pour vivre, besoin d’une image physique, besoin de m’identifier parce que jamais je n’ai pu accepter de ne ressembler à personne; parce que nous ne venons pas de « personne ». « le reflet dans la glace » , elle en moi au fond des yeux, elle en moi dans tant aussi, sans pouvoir le nier. quand j’ai ressenti ce manque immense de venir du X, je me suis jurée que j’y arriverai et seule j’ai déplacé des montagnes… à quel prix ? aucun. parce que ma douleur pendant mes recherches n’était rien à côté de celle de venir d’un X. que représente ce fameux X qui est notre premier prénom: une croix Quelle est sa signification que de barrer…elle est multiple nous barrer oui parce que l’on ne veut pas nous reconnaître et surtout nous connaître. quelle souffrance…. on ne peut vivre sans être reconnu parce que ce mot porte aussi « connu », qui n’a pas besoin de reconnaissance dans son travail, sa vie privée ses dons ses loisirs ses amis ses envies ses déceptions ses chagrins…tout porte à être reconnu. ….ce que nous avons en commun entre X et IAD c’est l’anonymisation d’un être humain.. « sousX » ou IAD, les enfants sont là et ils viennent bien de quelque part, d’un homme et d’une femme !! vous IAD, vous n’avez pas été stricto abandonnés, mais c’est UNE SORTE d’abandon de la part cette fois de la médecine et de la société. C’est aux médecins qu’il faut faire entendre que l’on ne peut pas mettre au monde des générations qui viennent de nulle part….car venir de nulle part est inconcevable pour l’être humain. Il ne permet pas de se construire alors pourquoi vous faire naître dans cet anonymat total? Comment un médecin peut il le décréter et faire ce choix là?? entre X et IAD ce qui nous réunit , c’est ce « qui nous sommes vraiment? » et « d’où venons nous? » il faut changer tout ça et se dire que c’est possible tout être humain vient de la vie et le vie est entière et pas qu’à moitié ou inexplicable.

Michelle
Mère adoptive

« Mieux vaut une souffrance qui a un visage qu’une souffrance qui vient du néant »

J’ai adopté deux enfants non consanguins, qui ont maintenant 37 et 41 ans.
Ils ont réussi à retrouver les génitrices respectives qui les avaient abandonnés. Je les ai toujours encouragés dans ce sens car il était évident que pour chacun d’eux c’est « LA » pièce manquante à leur puzzle intime, la béance à combler.

Aujourd’hui, mes enfants m’ont fait 6 petits–enfants ! Mais cette belle vitrine garde quand même des fissures…

Tout l’amour de parents adoptifs ne suffit pas à compenser. Dans le cas de l’adoption, il y a bien sûr en surplomb la blessure de l’abandon qui reste indélébile. Mais cela se gère apparemment mieux lorsqu’il y a un éclairage sur l’origine.

La seule chose que je puis affirmer, c’est que les origines d’un être humain font partie de son identité et qu’il vaut mieux les connaître, même si c’est douloureux, plutôt que de rester dans l’inconnu total. Il me semble que mes enfants ont pu se « réparer » autour de leur douleur alors que le « rien » ne leur permettait pas de s’atteindre eux–mêmes. Mieux vaut une souffrance qui a un visage qu’une souffrance qui vient du néant. Le concret pose des balises à intégrer.

L’anonymat organisé m’apparaît comme un crime contre l’humanité.

Enfant d’une gamète inconnue… Quelle monstruosité…!

Le droit A à l’enfant m’est insupportable ! Je lutte depuis toujours pour le droit DE l’enfant.

Les témoignages des jeunes nés de dons anonymes me bouleversent. Il faut les faire entendre haut et fort pour faire prendre conscience aux pseudo–parents » qui consomment de l’enfant comme si c’était leur « chose » qu’ils commettent une imposture.

La filiation constitue les racines de l’arbre qu’est l’être humain.

Philippe PETER
Père d’un enfant né sous X

Je m’appelle Philippe PETER.
Je suis le pére biologique de Benjamin, né sous x le 14 mai 2000 à Nancy.
Aprés six années de lutte contre diverses institutions la cour de cassation m’a enfin donné raison et a reconnu ma paternité.
Si j’ai mené ce combat jusqu’à son terme c’est principalement pour que mon fils n’ait pas à souffrir de ce manque cruel qu’est l’absence de racines, ce vide originel qui éprouve tant vos adhérents.
Sachez que je vous soutiens pleinement dans votre combat pour l’accés aux origines et pour l’abolition de l’insémination avec l’anonymat d’un donneur. En effet j’assimile ces érudits de la procréation artificielle à des apprentis sorciers qui ne tiennent uniquement compte du désir d’enfants et jamais du désir de l’enfant, ni de sa souffrance à venir.