Olivia Pratten – Née en 1981 – Canada

olivia Pratten
J’ai été conçue grâce à un don de sperme anonyme et je vais expliquer pourquoi je m’oppose fortement à l’anonymat des donneurs, comme toutes les autres personnes que je connais qui ont été conçues grâce à des dons de gamètes.

Je ne considère pas le donneur comme mon père, mais il a néanmoins un lien biologique avec moi. Ce qu’il représente à mes yeux est extrêmement personnel. Personne n’a le droit de décider à ma place de ce que je devrais ou ne devrais pas ressentir à son égard. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours voulu savoir qui il était. J’avais l’impression d’être au centre d’un casse-tête dont il manquait certains morceaux. J’avais besoin de ces morceaux pour comprendre l’ensemble du tableau.

J’ai du mal à imaginer comment certains peuvent prétendre qu’il est anormal de vouloir connaître ses origines ou encore de dire que ceux d’entre nous qui veulent des changements sont une minorité. Si personne ne s’intéressait à ses origines, la généalogie n’existerait pas et les pratiques relatives à l’adoption n’auraient jamais été modifiées. Les historiens disent souvent qu’on ne peut pas savoir où l’on va à moins de savoir d’où l’on vient. Il n’est pas acceptable de traiter les dons de gamètes comme des dons d’argent anonymes que l’on fait aux organismes de charité à Noël.

Le sperme ne sauve pas le sperme; il crée la vie.
Seuls les donneurs qui sont prêts à être identifiés lorsque l’enfant aura atteint l’âge de la majorité devraient être acceptés. Des donneurs parfaitement consentants responsables et prêts à rendre des comptes doivent devenir la norme de la communauté médicale et du gouvernement qui devrait d’ailleurs les assujettir à des règlements.

Je suis choquée que la naissance d’enfants résultant d’une aventure, d’une liaison extraconjugale, soit la justification dont certains ont besoin pour justifier le maintien d’un système de don de gamètes anonyme. Jusqu’où ira-t-on pour excuser cet acte irresponsable?
Je prononce des discours à des conférences sur les donneurs depuis l’âge de 15 ans et je puis vous dire que le nombre de gens qui apparaissent comme par miracle croît non seulement au Canada, mais à l’échelle mondiale. On nous a souvent répété que, comme les enfants adoptés, nous devrions être reconnaissants. Si tel est le cas, pourquoi me prive-t-on de la possibilité de remercier le donneur pour ce don de vie?

J’aime le père qui m’a élevée, mais cela n’efface pas en moi le sentiment de n’être l’enfant de personne. En termes clairs, le fait de ne jamais pouvoir voir le reflet de cette personne sans visage et sans nom dans mes traits ou ceux de mes enfants est un boulet que je traînerai toute ma vie.

http://www.parl.gc.ca/HousePublications/Publication.aspx?DocId=610545&Language=F&Mode=1&Parl=37&Ses=2#Int-359651